Egypte : une actrice déclenche la censure

La star de la chanson populaire libanaise, Haïfa Wehbé, à l’affiche dans le film égyptien Halawet Rooh, est accusée par des médias d’y adopter une attitude beaucoup trop provocante. Le gouvernement égyptien suspend la diffusion du film.

Sur ordre du Premier ministre

La consigne est claire pour les salles de cinéma égyptiennes. Le Premier ministre par intérim Ibrahim Mahlab leur a ordonné de retirer de leur programmation le film Halawet Rooh réalisé par Sameh Abdel Aziz jusqu’à ce que le comité de censure du ministère de la Culture donne son avis sur le contenu du film.

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« Pour adulte seulement »

Sorti le 3 avril, avec mention « pour adulte seulement », Halawet Rooh raconte la vie de Rooh, incarnée par la très populaire chanteuse et actrice libanaise Haïfa Wehbé, une jeune femme qui déclenche les passions parmi les hommes de son quartier quand son mari est absent. Sameh Adbel Aziz, le réalisateur, se serait inspiré du film Malèna, réalisé en 2000 par l’Italien Giuseppe Tornatore, et qui mettait en scène Monica Bellucci.

« Un film porno »

« Halawet Rooh : comment produire un film porno égyptien ? ». C’est le titre choc de l’édition de jeudi 17 avril du quotidien Al-Masri Al-Youm. « Le film ne contient pas une seule scène dans laquelle Haïfa ne montre pas une partie de son corps », martèle le critique du journal. Le Conseil national égyptien pour l’enfance et la maternité, qui dépend du ministère de la Famille, rejoint l’idée en affirmant que le film présente « un danger moral » et qu’il pourrait influencer « négativement la morale publique ».

Pas d’outrage selon le producteur

Comment se défendre face à d’accablantes critiques ? Le producteur égyptien du film, Mohamed al-Sobky, a rétorqué que Halawet Rooh « ne contient rien qui soit un outrage aux bonnes mœurs ». Quant à lui, l’ancien ministre de la Culture, Emad Abou-Ghazi, n’accepte pas cette censure de la part du chef du gouvernement. Il a souhaité l’exprimer à l’Agence France Presse (AFP) en déclarant qu’un Premier ministre n’a pas le droit d’ordonner l’arrêt de la diffusion d’un film et qu’il aurait dû s’adresser au bureau de la censure avant de prendre quelconque décision.

Déjà plusieurs films censurés

Cet acte relance le débat houleux de la censure. Dernièrement, c’est Darren Aronofsky le réalisateur du film Noé, sorti fin mars, censuré dans plusieurs pays arabes, notamment en Egypte et au Qatar, estimant qu’il « va à l’encontre des enseignements de l’islam ». Par le passé, l’Égypte avait également censuré le célèbre Da Vinci Code après des plaintes de l’Église copte orthodoxe.


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