Présidentielles algériennes : les élections pour les nuls

Aujourd’hui, jeudi 17 avril, c’est le grand jour. Les élections présidentielles algériennes débutent et plus 23 millions d’électeurs sont appelés à voter dans 50 000 bureaux. Vous avez sûrement dû entendre parler du contexte politique, de fraude et d’un certain Adbelaziz Bouteflika. Planète Campus revient sur ces élections placées sous haute tension et vous explique tout.

Élections controversées

15 avril 1999. Le président actuel de l’Algérie, Abdelaziz Bouteflika est élu pour la première fois et sera réélu en 2004 et 2009. Avec trois mandats à son actif, il se présente pour un quatrième. Pourtant, cette dernière candidature porte à controverse. En effet, à 77 ans, M. Bouteflika est malade suite à un AVC en 2013 et n’est pas apparu en public depuis des mois. Pourtant, il reste le grand favori de ces élections.

« La fraude a commencé »

Pourquoi une telle domination d’Abdelaziz Bouteflika ? Il ne faut pas oublier le contexte de son arrivée au pouvoir en 1999. Il incarne la fin de la guerre civile et bénéficie toujours d’une certaine aura auprès des Algériens, notamment des plus vieux. La majorité des Algériens qui souhaite voter pour M. Bouteflika le feraient plutôt pour l’homme que pour le politicien. Autre raison, plus politique, il est soutenu par les deux principaux partis au pouvoir, le FLN (Front de libération National) et le RND (Rassemblement national démocratique) du président du Sénat Abdelkader Bensalah. Enfin, un dernier facteur serait à l’origine de la probable réélection du président : Ali Benflis, ancien Premier ministre et principal adversaire de Bouteflika, dénonce de nombreuses fraudes en faveur du président durant la campagne. « La fraude a commencé. On a malmené les registres d’état civil. L’administration est instrumentalisée, le gouvernement est devenu le comité de soutien. »

Le candidat aux élections présidentielles et ancien Premier ministre, Ali Benflis lors d’une conférence de presse le 15 avril 2014

« Ça suffit ! »

Certains Algériens en ont assez de ce « laisser-allé ». C’est le cas du mouvement appelé Barakat (« Ça suffit ! »). Ces trentenaires incarnent l’opposition au quatrième mandat du président. Ils ont organisé de petites manifestations. Un sit-in a d’ailleurs été violemment dispersé à Alger, mercredi 16 avril, à la veille de l’appel aux urnes. Mais pour la majorité des Algériens le traumatisme de la guerre civile des années 1990 est encore présent. Pour certains, c’est grâce à Bouteflika s’ils en sont sortis. Les printemps arabes organisés dans les autres pays font peur au peuple algérien. Karim Amellal, enseignant à Sciences Po, écrivait en 2013 dans une tribune de Libération que finalement « les Algériens ont le choix entre la liberté et la sécurité ».

« Rien ne changera »

Élections truquées, des candidats qui ne sont pas à la hauteur, le traumatisme de la guerre civile, le terrorisme qui s’inviterait dans les élections selon le parti de Bouteflika, tant d’éléments, rumeurs ou vérités, place l’Algérie dans un contexte des plus défavorables pour des élections présidentielles. La crainte ? Que l’abstention s’invite elle-aussi. Certains appels au boycott d’autres évoquent la manipulation prévue des taux de participation mais pour le journal algérien Le Matin, « le taux d’abstention sera record non pas parce que les boycotteurs le demandent, mais la plupart des jeunes approchés pensent que quel que soit le candidat, rien ne changera ». 


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