Emploi : homosexualité et origines encore pénalisantes à l’embauche ?

Le profil idéal pour les demandeurs d’emploi reste encore aujourd’hui l’homme blanc hétérosexuel. Preuve que la France doit encore faire des efforts concernant la discrimination à l’embauche, un ensemble d’études de l’Insee publiées ce jeudi 10 avril montre que les origines ethniques, le sexe ainsi que l’orientation sexuelle ont encore un véritable poids pour les recruteurs. Certains travaux utilisent des données relativement anciennes mais l’étude dans son ensemble reste un aperçu objectif et encore valable sur ce phénomène de discrimination de l’emploi en France, un sujet encore aujourd’hui mal documenté.

Les hommes homosexuels ont des salaires moins élevés

Encore une fois, alors que de nombreuses études anglo-saxonnes recensent des salaires plus faibles à postes et compétences égaux, la France ne fait pas état de la situation dans l’hexagone. Pour son étude, l’Insee a comparé les salaires de personnes déclarant vivre en couple avec une personne du même sexe en éliminant les possibles cohabitations (personnes à faibles revenus, étudiants, retraités…). Après l’analyse de ces statistiques, l’étude constate un écart de salaire de 6% à 7% dans le secteur privé et de 5% à 6% dans le secteur public. Cette discrimination s’accroit avec l’âge et la qualification et n’est pas observée pour les femmes homosexuelles.

Pour une femme immigrée, mieux vaut être asiatique 

Réalisé en 2009 avec le CV de développeurs informatiques fictifs de niveau Bac+5, les résultats d’un « testing » indiquent que les candidatures les moins retenues pour un entretien d’embauche sont celles des femmes d’origine marocaine (seulement 10% de taux de réponse) ou sénégalaise (8%). Globalement, les femmes sont moins souvent invitées à passer un entretien d’embauche que les hommes, sauf celles qui sont d’origine vietnamienne. Celles-ci recoivent 20% de réponses favorables contre 12% chez les hommes de même origine. Les femmes vietnamiennes obtiennent un taux presque similaire de réponses à celle des femmes françaises (22%). Les hommes français, quand à eux, cumulent 28% de réponses positives.

Les femmes respectent mieux l’équité salariale 

Cheval de bataille des défenseurs des droits des femmes, l’équité salariale n’est pas encore acquise dans l’hexagone. Et concernant le respect de l’égalité des sexes, les femmes chefs paient moins mal leurs subordonnées. Selon l’étude, les écarts de paye entre hommes et femmes diminuent de 30% à 85% quand l’encadrement est féminin. Cependant, les salaires sont globalement moins élevés : les employés dirigés par une femme touchent en moyenne 2,5% à 4% de moins qu’avec un supérieur masculin.

Les maghrébins discriminés même avec un diplôme supérieur

Réalisé en 2010, un « testing » organisé dans la région Ile-de-France met en évidence l’injustice discriminatoire que subit les jeunes d’origine maghrébine. Un jeune homme maghrébin titulaire d’un BTS candidat pour un poste de technicien de maintenance a 1,25 fois moins de chance d’obtenir un entretien d’embauche qu’un jeune français de niveau Bac. Le secteur de la maintenance avait été volontairement choisi par les chercheurs qui le considèrent comme en « tension ».

Les étrangers non désirés pour les emplois en contact avec les clients

Les personnes d’origine africaine, ou simplement « non européenne » de la première génération ont 9% à 12% de chances en moins de décrocher un emploi où il y a du contact avec la clientèle, d’après une enquête Insee datée de 2003. Plus que de la discrimination pure, la barrière de la langue serait la principale raison de ce résultat. « Cette sous-représentation ne concerne que le secteur privé. La discrimination n’émane pas nécessairement de l’employeur. Celui-ci pourrait se borner à répercuter ce qu’il pense être les préjugés ethniques de sa clientèle » soulignent les chercheurs.

 

 

 

 

 


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