Un coup marketing innovant: les sandwichs hallal de Quick

La chaine de restauration rapide Quick a lancé dans huit de ses restaurants des hamburgers exclusivement hallal. La viande hallal suit un précepte d’abattage spécifique aux valeurs religieuses de l’Islam. La bête est égorgée, la tête tournée vers la Mecque. Dans ces restaurants, la viande de porc est donc proscrite tout comme la viande non hallal. Ce choix fait réagir, entre avancée, communautarisme et affaire de gros sous, et le débat s’annonce houleux.

Une stratégie commerciale

Quick cherche au travers de ce coup marketing, à attirer une population qui fréquentait peu les fast-food, ou du moins adaptait les menus à leurs régimes alimentaires. Les deux géants de la restauration rapide avaient déjà senti le coup en lançant les sandwichs « o’fish ». L’essai de Quick s’avère concluant. A Marseille, au Quick du centre commercial le Merlan, le chiffre d’affaires a doublé en volume et en valeur, depuis le lancement de l’offre en octobre. Un deuxième Quick de Marseille a également lancé l’opération, celui de St Louis. Une aubaine, dans une zone où  80% de la population est musulmane, le chiffre d’affaires a explosé comme l’explique Ben-Nassur Madi, assistant manager du Quick: « le chiffre d’affaires du Quick Saint-Louis n’était pas celui auquel il pouvait prétendre. Pour s’adapter à la situation géographique et à la population qui peut fréquenter cette zone, explique-t-il, il se devait de tester la mise en place du halal. « 

Des réactions diverses

Pour beaucoup de musulmans, c’est une grande évolution, fini les sandwichs au poisson! Pourtant, ce choix apparait comme discriminatoire, pourquoi ne pas proposer les deux formules? Il est certain que les cuisines ne pourraient pas répondre aux exigences de gestion dans la préparation des deux viandes. Il faudrait séparer les cuisines pour faire simple, et dans une restauration où l’on fait plus rapidement un sandwich qu’un café, cela n’est pas réalisable. Marine Le Pen, a réagi sur le plateau de Canal Plus: «ceux qui ne veulent pas manger halal n’auront même pas le choix. Je trouve cela inadmissible.» elle surenchérit en ajoutant que cela « oblige les clients à verser une taxe aux organisations islamiques de certification ». A Roubaix, où sont testés ces fameux Quick, le maire René Vandierendonck (PS) a réagi récemment, « attaché à la diversité », il met en avant  » une réaction de bon sens  » de la part de Quick. Il doit rencontrer les gérants du fast food prochainement pour un accord à l’amiable: « Je ne suis pas opposé à ce qu’une entreprise adapte son offre à la clientèle, notamment à Roubaix, mais ça devient discriminatoire si l’exclusivité de son offre se porte sur un seul produit.» Il entend bien, si l’accord n’aboutit pas, saisir la HALDE, ainsi que prendre un arrêté contre toutes offres discriminatoires.

Un sujet qui fait débat

Le débat est difficile, d’un coté on peut saluer les efforts faits pour faciliter l’intégration, de l’autre on peut regretter le coté communautaire que prend l’affaire. Rappelons nous tout de même que cela n’est qu’une période d’essai. Pour la bonne image de sa marque, Quick risque bien de devoir faire des concessions, pour ne pas s’attirer les foudres des associations de consommateurs et de protection de la diversité. Il serait dommage de voir prochainement des non musulmans fréquenter un Quick « classique » tandis que les musulmans seront dans un « Quick Hallal ». Un juste milieu devra être trouvé.

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