Accord sur l’emploi : une solution pour aggraver le chômage ?

Ce mardi 5 mars, des dizaines de milliers de salariés ont brûlé le pavé de plusieurs villes de France, sous l’impulsion de quatre syndicats, CGT, FO, FSU et Solidaires, exceptionnellement unis contre un adversaire commun : le projet de loi sur l’emploi que ses opposants ont malicieusement rebaptisé « l’accord de la honte ». Pourquoi manifestent-ils ?

Les dizaines de milliers de citoyens qui ont cru bon de répondre aux appels des syndicats – la FSU, Solidaires, mais aussi les deux « frères ennemis » FO et la CGT – en descendant dans les rues de Paris, Lyon, Toulouse, Le Mans, Reims ou encore Clermont-Ferrand, conspuent un projet de loi toxique qui non seulement risque d’accentuer la flexibilité (le politiquement correct pour précarité), d’accroître le nombre de chômeurs en facilitant les licenciement, mais surtout d’enterrer le contrat de travail.

Un texte qui, paraphé par trois syndicats dont la CFDT et le Medef, transposé par le Gouvernement de Jean-Marc Ayrault, sera présenté demain en Conseil des ministres, avant d’être soumis au vote de l’Assemblée nationale courant avril. Objectif : que « début mai, ce texte [soit] applicable », selon le ministre du Travail, Michel Sapin.

Un texte qu’ont combattu main dans la main les numéros 1 respectifs de la CGT et de FO, Bernard Thibault et Jean-Claude Mailly. Une exception dans l’histoire de ces deux syndicats « ennemis ». Mais l’enjeu est trop important pour laisser triompher les dissensions. « Dès lors que nous considérons que l’enjeu est beaucoup plus important que toutes les différences qu’on peut avoir sur un certain nombre de sujets, il était nécessaire d’unir nos forces », a solennellement déclaré le chef de la CGT, Bernard Thibault. « On est ensemble, le code du travail est menacé. L’accord est dangereux », a de son côté soutenu le leader de FO, Jean-Claude Mailly.

Leur opposition au projet de loi a trouvé un écho auprès de certains parlementaires socialistes (la sénatrice Marie-Noëlle Lienemann, le député Jérôme Guedj et Emmanuel Maurel) et des leaders de l’extrême-gauche : Olivier Besancenot du NPA, Pierre Laurent du Parti communiste, Jean-Luc Mélenchon du Front de Gauche…

Ce dernier a vilipendé « l’accord de la honte » ce mardi au micro de Jean-Michel Apathie sur RTL : « J’espère que les deux mois dont nous disposons [avant que le projet de loi ne soit voté au Parlement, ndlr] seront bien utilisés pour faire comprendre son contenu extrêmement dangereux, régressif, antisocial. » « Ce qui hier était de l’emploi court en CDD pourra aussi bien être pourvu par l’intérim sans être taxé. C’est tellement vrai que le patronat a signé des deux mains cette partie de l’accord avec le sourire et en disant qu’au total ça lui rapporterait 45 milliards », a ajouté l’ancien candidat du Front du Gauche.

Crédit photo : Jean-Claude Mailly et Bernard Thibault, le 5 mars 2013. (AFP PHOTO THOMAS SAMSON)


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