Vincent Peillon : moins de vacances pour les profs, mais plus de carence !

Alors que la controverse autour de la semaine de quatre jours et demi continue à semer le trouble dans la relation entre les professeurs et le ministre de l’Education, Vincent Peillon, le feuilleton des rythmes scolaires monte en puissance. Avec une nouvelle saison qui s’annonce explosive. Au cœur de celle-ci : la préconisation par M. Peillon de vacances d’été d’une durée de six semaines réparties en deux zones. Le ministre de l’Education nationale a-t-il raison de brusquer ainsi le corps professoral ?

La déclaration de l’hôte du 110 rue de Grenelle, le ministre Vincent Peillon, dimanche dernier sur BMFTV, a soulevé le cœur de nombreux professeurs. En jeu : les vacances d’été que le ministre de l’Education a préconisé de raboter de deux semaines. Si M. Peillon remporte la bataille des rythmes scolaires, qui l’oppose depuis plusieurs mois aux puissants syndicats de professeurs, ces vacances scolaires pourraient passer de huit à six semaines et se répartir en deux zones distinctes.

« Nous devons être capables d’avoir un zonage l’été, deux zones, et nous devons être capables d’avoir six semaines, c’est suffisant », a déclaré le ministre en prenant toutefois le soin de repousser la mise en œuvre d’une telle mesure aux confins de son calendrier. La question ne se posera pas avant 2015… Et pourtant, ne vient-il pas juste de la poser au micro de BMFTV ?

M. Peillon a su profiter de l’antenne pour marteler son objectif : « aller progressivement » vers 37 ou 38 semaines de cours durant l’année, en lieu et place des 36 semaines actuelles, qui frôlent parfois les 35 semaines en raison des ponts et autres jours fériés.

Dans le cadre de sa réforme des rythmes scolaires – ambitieuse sur le fond, mais belliqueuse sur la forme selon nombre de professeurs –, le Gouvernement socialiste veut revoir les rythmes de la journée, de la semaine et de l’année. Car celle-ci, trop courte et trop dense, épuiserait les enfants et nuirait à leurs capacités de concentration et de mémorisation.

Lors de son intervention sur BFMTV, le ministre de l’Education nationale a précisé qu’il fallait commencer par « monter la première marche » de la réforme des rythmes scolaires hebdomadaires dans l’enseignement primaire avant de s’en prendre au secondaire. « Nous commençons par l’école, il faudra continuer avec les collèges et lycées et puis, il faudra faire l’année scolaire », a-t-il annoncé.

Conscient des perturbations induites par une telle réforme sur la tenue des examens et notamment sur celle du baccalauréat, il a ajouté : « cela va nous obliger à revoir les examens, et en particulier le fameux baccalauréat, qui occupe les locaux d’un certain nombre d’établissements très tôt dans le mois de juin ».

Le ministre de l’Education s’est-il montré trop pressant, trop impatient, en annonçant sur le plateau de BFMTV, alors que la tempête autour de la semaine de quatre jours et demi n’est toujours pas retrombée, la diminution prochaine des vacances scolaires d’été ? Oui, selon les syndicats.

Pour Sébastien Sihr, secrétaire national du Snuipp, principal syndicat d’enseignants du primaire, « il faut que Vincent Peillon arrête de faire des annonces intempestives par voie de presse. Il embrouille tout le monde ». « On ne comprend plus rien aux contours de sa réforme, a-t-il ajouté dans un entretien au journal Le ParisienSi on doit modifier le rythme annuel, parlons-en maintenant, parce que cela a une incidence sur tout le reste. »

Et bien évidemment, l’opposition est d’accord sur ce point avec les syndicats. L’ancien ministre de Nicolas Sarkozy, Xavier Bertrand, vilipende une annonce « à la Peillon », balancée « sans aucune concertation ». De son côté, l’UMP Bruno Le Maire voit en Vincent Peillon un « récidiviste de la gaffe » qui « parle trop vite ». « Il avait déjà fait une gaffe absolument surréaliste sur la dépénalisation du cannabis, il en refait une sur les jours de vacances (…). Il parle trop vite et sème la confusion », a par ailleurs déploré l’ancien ministre sarkozyste et actuel député de l’Eure.

L’annonce du ministre, applaudie par la principale organisation des parents d’élèves, la FCPE, n’est pourtant pas une surprise. Elle trônait même en pole position de son livre sur la refondation de l’école…

Crédit photo : capture d’écran BFMTV.


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