Municipales de Paris : les femmes prennent la mairie d’assaut

La mairie de Paris est-elle une éternelle phallocratie ? Si, depuis la nuit des temps, les rênes de l’Hôtel de Ville sont tenues par des hommes politiques, elles pourraient bientôt tomber entre les mains d’une femme. Nul besoin d’être devin pour affirmer qu’une femme remplacera l’actuel maire de Paris, Bertrand Delanoë, en mars 2014. Mais deux questions demeurent sans réponse… Qui sera-t-elle ? Et qu’elle sera sa couleur politique ?

Cinq femmes seraient actuellement en lice pour la mairie de Paris : la première adjointe de l’actuel maire de Paris, Bertrand Delanoë, par ailleurs élue socialiste du XVe arrondissement, Anne Hidalgo ; la maire labellisée UMP et ancienne Garde des Sceaux de Nicolas Sarkozy, Rachida Dati ; la députée-maire de Longjumeau (Essonne) et ancienne ministre de l’Environnement du Gouvernement Fillon, Nathalie Kosciusko-Morizet (NKM) ; le bras-droit du président du Modem, François Bayrou, Marielle de Sarnez ; et enfin l’actuelle ministre du Logement, l’écolo Cécile Duflot, qui a récemment déclaré ne rien exclure pour les municipales de 2014 dans la capitale.

Anne Hidalgo (PS)© AFP PHOTO / JOEL SAGET

Anne Hidalgo (PS)
© AFP PHOTO / JOEL SAGET

Soutenue par l’actuel maire de Paris, la candidate du Parti socialiste (PS), Anne Hidalgo, qui a voulu dévoiler ses velléités dès septembre 2012, ne pâtit pour le moment d’aucune concurrence réelle sur sa gauche. Mais, cela pourrait ne pas durer… Car, la ministre du Logement de François Hollande, Cécile Duflot, vient d’instiller le doute sur son éventuelle candidature aux municipales de 2014, en déclarant dans les colonnes du Journal du Dimanche (JDD) que « rien n’est exclu ».

Pourquoi l’ancienne secrétaire nationale d’Europe-Ecologie-Les Verts (EELV) torture-t-elle ainsi la pouliche de Bertrand Delanoë ? Se montre-t-elle sincère lorsqu’elle confie au JDD : « Je n’ai pas pris de décision. Quand j’avais décidé de ne pas être candidate à la présidentielle, je l’avais dit plus de dix-huit mois avant et de façon très nette (…). Quand je ne dis pas que les choses sont exclues, c’est qu’elles ne le sont pas. Rien n’est exclu » ? Une chose est sûre : elle cultive le mystère.

Cécile Duflot© AFP PHOTO /ERIC FEFERBERG

Cécile Duflot
© AFP PHOTO /ERIC FEFERBERG

Et elle n’est pas la seule. Le député du XIIIe arrondissement, Jean-Marie Le Guen (oui, c’est bien un homme), même s’il n’est pas (encore) candidat, tâte sérieusement le terrain… Dans l’espoir d’y creuser son terrier ? Osera-t-il disputer la couronne de Bertrand Delanoë à son indétrônable dauphine lors des primaires socialistes de juin prochain ?

A droite comme au centre, trois femmes politiques se posent en adversaires potentielles d’Anne Hidalgo. Face aux deux challengeuses de l’UMP – Rachida Dati et NKM –, qui s’affronteront lors de primaires ouvertes, qui se tiendront peu avant l’été, le Modem présentera lui aussi une femme, Marielle de Sarnez. En 2008, lors du dernier scrutin municipal, la centriste avait obtenu un score honorable, en totalisant un peu moins de 10% des voix.

Rachida Dati© AFP

Rachida Dati
© AFP

Malheureusement, cela ne sera pas suffisant pour faire trembler les candidates de droite, et surtout pas NKM, qui a pris la tête des intentions de vote des sympathisants de droite parisiens dès le lendemain de l’annonce de sa candidature jeudi dernier. Selon une enquête OpinionWay pour Le Figaro et LCI, l’ancienne porte-parole de Nicolas Sarkozy recueillerait 57% des voix aux primaires de l’UMP contre 11% pour Rachida Dati. Aïe ! L’ancienne Garde des Sceaux n’aurait donc aucune chance de l’emporter… Et sa seule utilité serait de pimenter les primaires de l’UMP.

« J’ai été sollicitée par des élus de Paris, par des Parisiens. J’ai beaucoup réfléchi, c’est une décision non pas de raison, mais de passion. J’ai envie de mener cette bataille », a voulu se justifier l’élue de Longjumeau, Nathalie Kosciusko-Morizet, au moment de sa candidature. Un moyen de contrecarrer les critiques de l’opposition… Qui se sont enchaînées depuis l’annonce de sa candidature à la mairie de Paris. Ainsi, la présidente du Front National (FN), Marine Le Pen a qualifié la candidate de l’UMP de « bobo de gauche ». « Pour l’instant, il y a deux candidats de gauche déclarés : Mme Hidalgo et Mme Kosciusko-Morizet », a ironisé l’extrême blonde lors de l’émission « Tous politiques » France-Inter/Le Monde/AFP.

Nathalie Kosciusko-Morizet© AFP

Nathalie Kosciusko-Morizet
© AFP

La candidate socialiste n’y est pas allée de main morte en accusant NKM, dimanche dernier, de vouloir « se servir » de la capitale, d’être soutenue par les « vieux barons » de la droite républicaine et de manquer « de courage politique ». « Elle abandonne d’une certaine façon les habitants de Longjumeau à qui elle jurait fidélité il y a encore quelques mois (…). Elle veut se servir de Paris comme d’autres avant elle, elle n’a jamais caché ses velléités par rapport aux primaires au sein de l’UMP ou même à la présidentielle », a-t-elle poursuivi.

Les hostilités entre les cinq aspirantes-maire de Paris sont désormais lancées. Brutales, elles ne donnent pas raison à l’analyse de l’eurodéputé d’EELV Daniel Cohn-Bendit : « Peut-être qu’elles [les candidates à l’Hôtel de Ville, ndlr] pourraient démontrer qu’on peut avoir des projets différents, faire de la politique autrement entre femmes, en étant concurrentes sans être adversaires ». Dany le Vert a même condamné les critiques émises à gauche contre l’ambition de NKM : « J’espère qu’elle est ambitieuse ! Sinon, qu’elle n’aille pas aux élections. » « C’est une vraie écolo de droite », « elle a une véritable sensibilité écologiste », a-t-il renchéri.

Crédit photo : AFP


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