Goodyear, PSA, Arcelor Mittal… La colère ouvrière gronde !

C’est animés tant par peur que par la rancœur, que les ouvriers d’entreprises acculées par des plans sociaux se sont donnés rendez-vous ce mardi 12 février pour manifester devant le siège de Goodyear à Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine). Levés aux aurores, quelques 750 salariés de l’usine de pneumatiques, promise à la fermeture, sont arrivés sur place pour une « journée de lutte ». Et ils ont été accueillis par une centaine de cars de CRS. Le gouvernement socialiste craindrait-il la colère ouvrière ?

Ce mardi matin, se tient le comité d’entreprise extraordinaire de Goodyear, société américaine de pneumatiques dont l’une des usines d’Amiens-Nord est promise à la fermeture. Au même moment, les tractations de la « dernière chance » se déroulent chez les constructeurs automobiles Renault et PSA Peugeot-Citroën. Pour l’occasion, et dans un élan de solidarité, une cohorte d’ouvriers d’entreprises visées par des plans sociaux – Goodyear bien sûr, mais aussi PSA, Arcelor Mittal, Sanofi et le collectif Licenci’elles – se sont rassemblés ce mardi matin devant les locaux altoséquanais de Goodyear France. Objectif : retarder la fermeture du site d’Amiens-Nord et le licenciement de ses 1 173 salariés et, indirectement, protester contre la cascade de restructurations – le politiquement correct de plans sociaux – qui s’abat sur l’industrie française depuis plusieurs années.

Alors qu’aux alentours de 9h30, entre 750 et 800 ouvriers de Goodyear et d’ailleurs se massent devant les locaux français du fabriquant de pneumatiques, les appels aux calmes se multiplient dans les colonnes de la presse et les cabinets ministériels. A 9h, alors que le soleil vient d’apparaître dans le ciel de Rueil-Malmaison, le quotidien 20 Minutes annonce déjà « un affrontement musclé entre force de l’ordre et employés » dans son « live ». Le Figaro lui redoute les « violences » des « durs de la CGT » en rappelant celles du 6 février dernier dans la capitale alsacienne. De son côté, l’élu CGT Michaël Wamen vilipende sur Twitter l’impressionnant dispositif de sécurité mis en œuvre par le ministre de l’Intérieur socialiste : « 100 cars de CRS pour démontrer que les #Goodyear sont des bandits ».

Un accueil « tout en muscles » qui n’est pas surprenant lorsqu’on se souvient des paroles de Manuel Valls. Lundi 11 février, l’hôte de Place Beauvau s’est inquiété des risques « d’implosion ou d’explosion sociales ». La CGT, syndicat majoritaire (86%) de Goodyear, a répliqué en dénonçant le discours stigmatisant du ministre socialiste tout en le priant de cesser de « pointer du doigt des syndicalistes et des salariés qui se battent depuis cinq ans dans leur entreprise ». « S’il cherche des coupables et des voyous, il n’a qu’à regarder dans notre dos demain, il y aura écrit ‘Goodyear, patron voyou’ et ‘Peugeot, patron voyou’ » a renchéri Michaël Wamen.

Au-delà de la volonté de dénoncer la fermeture intempestive d’usines « rentables », les manifestants de Goodyear, comme ceux de PSA, d’Arcelor Mittal et de Sanofi, veulent convaincre le gouvernement socialiste d’adopter « une [vraie] politique de gauche » au lieu de faire du « sarkozisme », selon les mots de M. Wamen. Les ouvriers en colère réclament aussi et surtout une loi contre les licenciements boursiers dans les entreprises qui, comme Goodyear, Sanofi et bien d’autres, réalisent de juteux bénéfices… L’une des promesses de campagne du candidat François Hollande.

Et si la lumière faite par le gouvernement sur les risques de dérapages était un moyen de détourner l’attention des citoyens des vraies raisons de la colère ouvrière… Animée par un sentiment de trahison.

Crédit photo : REUTERS/Pascal Rossignol


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