Pilule Diane 35 : un gros scandale qui annonce la fin des prescriptions de pilules ?

On pensait l’affaire des pilules retombée : il n’en est rien ! Après les contraceptifs de 3e et de 4e générations, c’est l’anti-acnéique Diane35, des laboratoires Bayer, qui est montré du doigt pour avoir entrainé quatre décès.

On savait pourtant depuis longtemps que la prise de pilule n’était pas anodine : couplée à la consommation régulière de cigarettes et à un comportement sédentaire, elle entraine des risques d’hypertension et d’accidents vasculaires. Mais depuis la plainte de plusieurs patientes lourdement handicapées après de graves problèmes de santé, la psychose autour des pilules ne cesse d’augmenter.

Alors que les principales accusées étaient ces dernières semaines les pilules les plus récentes, dites de 3e et de 4e générations (accusées d’accentuer le risque de thromboses veineuses et d’AVC), une nouvelle marque de contraceptifs est montrée du doigt : Diane35, utilisée par de nombreuses jeunes filles en tant que traitement contre l’acné.

Diane35, une fausse-vraie pilule.

Mais qu’est-ce au juste que cette pilule ovni, présentée d’abord comme un remède contre les boutons ? C’est en 1987 que le médicament Diane35 arrive sur le marché, avec pour unique but thérapeutique la diminution de l’acné chez les jeunes filles. Oui mais voilà, l’usage de cette fausse-vraie pilule a peu à peu été détourné : et aujourd’hui, elle est très largement utilisée en tant que contraceptif.

Ce sont donc les jeunes filles victimes d’acné qui sont en premier lieu concernées par Diane35. Autant dire que l’on s’inquiète dans les lycées et dans les familles : le syndrome du « pill scare », qui avait fait des ravages en Grande-Bretagne en 1995 (faisant exploser le taux d’IVG) est à présent redouté par les professionnels de la santé en France.

Comment désamorcer cette crainte de la pilule ?

Marisol Touraine, ministre de la Santé, avait demandé aux Française de ne pas céder à la panique. Le 17 janvier, elle s’était exprimée à propos de la psychose qui entoure le contraceptif oral depuis plusieurs semaines : « Dans le débat actuel sur certains modes de contraception, on lit beaucoup de choses mais il faut éviter un affolement qui aboutirait à un arrêt de la pilule et à des situations à risque. Il ne faudrait pas assister à une montée des interruptions volontaires de grossesse (IVG) en France. » . 

La ministre avait également annoncé la fin du remboursement des pilules de 3e et 4e générations pour le 31 mars 2013. Le début de la fin pour la pilule ? La France n’est-elle pas au bord d’un immense scandale sanitaire ?

En tout cas, le pays s’enflamme : et la grosse panique qui entoure la prise de pilule risque d’entrainer une remise en question de l’utilisation de ce contraceptif. Quelles seraient alors les autres options ? Car évidemment, on ne peut que vous rappeler de ne pas interrompre votre contraception sur un coup de tête !

Bernard Hédon, président du collège national des gynécologues obstétriciens de France, explique que toutes les alternatives à la pilule ne sont pas sans risques . Pour les patchs et les anneaux vaginaux, le risque de thrombose est le même qu’avec une pilule de 3e ou de 4e générations : les progestatifs utilisés dans ces techniques sont identiques.

Le stérilet hormonal contient les même principes actifs que les pilules les plus anciennes, et est donc moins dangereux pour les thromboses et les AVC. Les risques d’infections ou de stérilité sont par contre élevés.

Enfin, les pilules sans oestrogènes et les implants peuvent également être utilisées pour la contraception, mais sont assez peu pratiques :  » il est très fréquent que la prise de ces contraceptifs donne lieu à des petits saignements continuels« , explique le professeur Hédon. Un inconfort qui pousse de nombreuses patientes à arrêter subitement leur traitement.

Alors, face aux craintes des patientes, aux risques avérés et à la diversité des contraceptifs qui ont chacun avantages et inconvénients, que doit faire la France ? Réfléchir à de nouvelles alternatives à la pilule et la supprimer progressivement ? Changer sa composition pour la rendre moins dangereuse ?

Les sept décès imputés à Diane35 ne font en tout cas qu’enflammer un peu plus un débat de santé publique délicat, qui pourrait influer fortement sur l’évolution des pratiques contraceptives dans le pays.


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