Andy Warhol : ses portraits de Mao ne passeront pas la frontière chinoise.

La Révolution culturelle impulsée par le dictateur Mao dans les années 60 est-elle toujours en marche dans l’Empire du milieu ? C’est ce que laisse croire l’annonce du retrait des fameuses icônes de Mao par Andy Warhol… Ces icônes devaient être exposées dans deux métropoles chinoises – Pékin et Shanghai – dans le cadre de la rétrospective consacrée au « Pape du Pop Art » en 2013.

Conçue pour le 25e anniversaire de sa disparition, l’immense exposition « The Andy Warhol : 15 Minutes Eternal Exhibition » aurait dû rassembler 300 œuvres de l’artiste parmi lesquelles une dizaine de portraits – des lithographies, des peintures, des dessins – du Grand Timonier. Oui, mais voilà, les services culturels des villes concernées par la rétrospective ont dû fermer leurs portes aux icônes maoïstes.

C’est du moins ce qu’annonce dans un communiqué l’inspirateur de l’exposition, le musée Andy Warhol de Pittsburg (Pennsylvanie – Etats-Unis) : « Nous avions espéré inclure nos peintures de Mao dans l’exposition afin de montrer le vif intérêt de Warhol pour la culture chinoise. Cependant, nous comprenons que certaines images ne peuvent toujours pas être montrées en Chine. » Pourquoi ?

Est-ce parce que, derrière l’hommage pictural de Warhol au prince communiste de l’Empire du milieu, Mao Zedong, se dissimule une satire iconoclaste de la propagande chinoise ? En constellant de coups de pinceaux bruts et bariolés les représentations de Mao, dont l’écarlate provocant des lèvres tranche avec le bleu électrique des paupières, Andy Warhol insinue que la propagande maoïste ressemble comme deux gouttes d’eau aux réclames capitalistes. Le « Pape du Pop » se joue du culte de la personnalité voué au Grand Timonier en projetant son icône dans l’univers trivial de la publicité.

Dans les années 70, Warhol, qui brûlait de donner sa propre version de Mao, celle d’une icône marchande, brossait ainsi la Révolution culturelle chinoise : « J’ai lu tant de choses sur la Chine. Ils sont cinglés. Ils sont contre la créativité. Le seul tableau qu’ils n’aient jamais fait est le portrait de Mao Zedong. C’est superbe. On dirait une sérigraphie. »

En attendant que la Chine (toujours communiste) ouvre ses frontières aux représentations warholiennes de Mao, les 10 portraits réalisés entre 1972 et 1973 sont exposés depuis dimanche dans le territoire semi-autonome de Hong-Kong.


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