Euthanasie ou suicide assisté : le rapport Sicard tranche le débat.

Il aura fallu six mois de réflexion et une dizaine de débats citoyens pour que le Professeur Didier Sicard accouche finalement d’un rapport sur la fin de vie. Si ce document influencera certainement la position du président de la République, François Hollande, sur la question ô combien délicate de l’euthanasie, tranchera-t-il pour autant le débat ? La France inscrira-t-elle ses pas dans ceux des pays du Benelux en optant pour l’euthanasie active ? S’orientera-t-elle vers la voie plus « frileuse » – et finalement peu éloignée de la situation actuelle encadrée par la loi Leonetti – du suicide assisté ?

Ce mardi 18 décembre, la Commission de réflexion sur la fin de vie en France, présidée par le Professeur Didier Sicard, a remis son rapport au Chef de l’Etat. Ainsi, François Hollande, qui voulait explorer les conditions de la mort, pourra prendre une décision – éclairée – sur la mise en œuvre ou non d’une « assistance médicalisée pour terminer sa vie dans la dignité » en conformité avec sa promesse électorale.

Didier Sicard, ancien président du Comité consultatif national d’éthique nommé au sommet de la Commission en juillet par François Hollande, se montre intransigeant dans son rapport qui apporte deux réponses fortes : 1. celle que la loi Leonetti de 2005 sur la fin de vie, mal-connue des citoyens mais aussi des médecins et des soignants, doit faire l’objet d’un « effort majeur d’appropriation » ; et 2. celle que la loi reste incomplète. Les auteurs du rapport préconisent en effet de « mieux faire droit aux attentes et espérances des citoyens à l’égard de la fin de vie. »

Prenant acte que la majorité des Français (56%) exigent un accompagnement médical pour mourir, le Professeur Sicard propose que la loi Leonetti ne soit plus appliquée littéralement et qu’une sédation terminale (administration d’opiacés tels que la Morphine entraînant le coma puis la mort) puisse être administrées par les médecins aux patients que l’auraient demandé à plusieurs reprises. La « Mission Sicard » entrouvre donc implicitement la porte au suicide assisté…

Alors que l’euthanasie pure et dure permet aux médecins d’administrer un liquide létal aux patients désireux de mourir, le suicide assisté lui – autrement appelé euthanasie passive – laisse le malade incurable se donner lui-même la mort. Autrement dit, il doit pouvoir absorber seul les sédatifs terminaux.

La mission commanditée par M. Hollande écarte donc l’euthanasie active jugée trop « radicale ». Pourquoi ? Parce qu’elle craint de franchir « la barrière d’un interdit ». Quel interdit ? L’interdiction pour des patients trop gravement atteints – plongés dans un profond coma depuis plusieurs années, parvenus au stade végétatif,… – d’exprimer leur volonté de mourir ?


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