Meliane : la pilule qui augmente les risques de thrombose

Pour la première fois en France, une marque de pilule fait l’objet d’une plainte l’accusant d’augmenter les risques d’AVC. C’est la Meliane, pilule de troisième génération qui est mise en cause par une jeune femme qui a vu son état de santé se dégrader considérablement quatre mois après avoir commencé à la prendre.

Marion Larat garde encore de lourdes séquelles de son accident vasculaire cérébral. Sa plainte au pénal déposée vendredi 14 décembre contre le laboratoire pharmaceutique Bayer, accuse ce dernier d’ « atteinte involontaire à l’intégrité de la personne humaine » auprès du procureur de Bobigny. Le directeur général de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) est également concerné par la plainte, car il n’a pas commandé le retrait de la pilule du marché, alors qu’en juin 2012, la commission régionale de conciliation et d’indemnisation des accidents médicaux de Bordeaux a admis la responsabilité de la pilule dans l’AVC. Pour Jean-Christophe Coubris, l’avocat de Marion Larat, le « principe de précaution » aurait dû être invoqué.

« Pourquoi les pilules de troisième génération qui sont plus coûteuses, plus dangereuses et pas plus efficaces que les précédentes, demeurent-elles sur le marché ? » demande Me Jean-Christophe Courbis, l’un des avocats des 2 500 victimes du Mediator. Il pose cette question alors que plusieurs laboratoires fabriquant des contraceptifs de troisième et de quatrième génération, comme Bayer, ne réfutent pas l’idée que leurs pilules augmentent les risques de thrombose. Ils continuent de les vendre en précisant cette information sur la notice pour se protéger aux yeux de la loi, mais beaucoup de femmes ne lisent pas la notice de leur pilule. Le cas de Marion est différent puisque aucune mention du risque thromboembolique artériel ne figurait sur la notice de la Meliane à l’époque où Marion la consommait.

Le déremboursement de la pilule à partir de septembre 2013 a été annoncée par Marisol Touraine, ministre de la santé, après une rencontre le 19 septembre avec les parents de Marion et le père de Théodora, une adolescente décédée d’une embolie pulmonaire en 2007 après avoir pris plusieurs semaines la pilule Mercilon. La Haute autorité de santé (HAS) se prononce également en faveur de l’arrêt de la prise en charge des contraceptifs oraux.

En attendant, ces pilules circulent toujours sur le marché, mais cette affaire ouvre certainement la voie à plusieurs autres recours en justice, comme aux Etats-Unis et en Suisse où les plaintes contres des pilules se multiplient.


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