Marine Le Pen : sera-t-elle condamnée pour « incitation à la haine raciale »?

C’est ce qu’appelle de ses vœux la Garde des Sceaux Christiane Taubira… Vœux immédiatement traduits en actes. Ce mardi, le ministère de la Justice a confirmé avoir transmis au Parlement européen une demande de levée de l’immunité parlementaire de l’eurodéputée Marine Le Pen. La requête de la Chancellerie est liée aux déclarations de la présidente du Front national qui, deux ans plus tôt, qualifiait les « prières de rue » des musulmans « d’Occupation ».

Lyon, 10 décembre 2012. En campagne pour la présidence du FN, la candidate Marine Le Pen condamnait violemment « les prières de rue » des musulmans en faisant un parallèle douteux avec la Seconde Guerre mondiale. En qualifiant ces prières « d’occupation » sans « blindés » ni « soldats », la fille chérie de Jean-Marie s’était attirée les foudres du Mrap (Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples) qui avait « décidé de porter plainte pour incitation à la haine raciale ».

Interviewée au micro de RTL le lendemain, le Garde des Sceaux de l’époque, l’UMP Michel Mercier, excluait toute action en justice : « Je ne vais mener l’action publique partout (…) On ne va pas mettre des juges partout ». La preuve que si… En janvier 2011, le parquet de Lyon avait ouvert une enquête préliminaire pour « incitation à la haine raciale » sous l’impulsion du Mrap. Oui mais voilà, Marine Le Pen jouissait déjà de l’immunité parlementaire.

Aujourd’hui, deux ans jour pour jours après les propos de M. Mercier, Pierre Rancé, le porte-parole de la Chancellerie occupée par Christiane Taubira, a déclaré à l’AFP : « Je confirme que le ministère de la Justice a transmis le 26 novembre au président du Parlement européen, Martin Schultz, une requête pour une mainlevée parlementaire concernant Mme Le Pen. »

Pendant combien de temps encore la présidente du FN restera-t-elle intouchable ? La Justice est lente, mais la Justice est en marche si l’on en croit l’auteur de la demande de levée d’immunité parlementaire : l’information judiciaire serait entre les mains d’un juge d’instruction.

Tel père telle fille ? Celle qui voulait dédiaboliser le Front national en faisant oublier les propos haineux de son papa – sur les camps de concentration, un « détail de l’histoire » ou sur l’homosexualité, une « anomalie biologique et sociale » qui conduirait à « la disparition du monde » – payera-t-elle pour ses propres dérives ?


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