Conférence de Doha : comment solutionner le changement climatique au pays du pétrole ?

Depuis lundi, l’Etat du Qatar, champion du monde des émissions de CO2 par habitant, accueille les représentants de 195 pays pour discuter de la question préoccupante – quoique préoccupant peu les leaders de la planète – du changement climatique. L’ironie veut que le grand rendez-vous annuel sur le climat, qui déterminera l’avenir du protocole de Kyoto, se tienne au cœur de l’une des pétromonarchies les plus puissantes du monde !

A l’occasion de la Conférence des Nations Unies sur le climat, qui s’est ouverte dans la capitale qatarie, Doha, lundi 26 novembre, les scientifiques poussent un nouveau cri d’alarme : le changement climatique, en marche depuis plusieurs décennies, accélère redoutablement sa cadence. La concentration de GES (Gaz à Effet de Serre) dans l’atmosphère atteint un niveau record. Avec pour conséquence : un réchauffement de 4°C d’ici 2060.

Or, plus personne ne peut ignorer les suites dramatiques du changement climatique : la fonte de la banquise, la montée des eaux, les catastrophes naturelles (plus nombreuses, plus violentes), les sécheresses, les famines, les guerres, les exilés climatiques, le bouleversement des écosystèmes, l’extinction d’espèces animales ou végétales, etc. La liste des séquelles des dérèglements climatiques semble se dérouler infiniment.

Selon Christiana Figueres, la responsable de l’ONU pour le climat, « nous avons de moins en moins de temps » pour limiter l’emballement du système climatique en stabilisant la hausse des températures au seuil – fixé par la Communauté internationale – de 2°C. « La fenêtre d’opportunité se ferme rapidement parce que le rythme et l’ampleur des actions » mises en œuvre pour réduire les GES « ne sont simplement pas au niveau où ils devraient être », a-t-elle averti.

La Conférence des Nations Unies sur le climat pourra-t-elle inverser la tendance ? Les leaders mondiaux sauront-ils trouver un accord suffisamment ambitieux pour freiner la montée inexorable du climat ? Hélas, cela semble peu probable au vu des contradictions malheureuses qui pèsent sur le sommet de Doha…

Le Qatar – roi du pétrole ! – remporte le titre de premier émetteur de CO2.

Quelle idée d’organiser un sommet sur le climat au Qatar ! Ce minuscule émirat est le champion du monde des émissions de GES par habitant. Comptez pas moins de 44 tonnes de CO2 par Qatari (données recueillies par l’ONU en 2009). C’est huit fois plus qu’un Français ou qu’un chinois (6 tonnes) et trois fois plus qu’un Américain (17 tonnes). Par ailleurs, le Qatar détient 15% des réserves de gaz de la planète. Moins « Géant vert » que « Géant de l’or noir », la pétromonarchie aurait même, selon WWF, la plus forte empreinte écologique au monde. Dès lors, faut-il s’étonner que le Qatar ne se soit fixé aucun objectif pour réduire ses émissions de GES ?

La Conférence de Doha – comme bien des sommets internationaux – s’annonce polluante.

Selon le journal The Telegraph, la conférence elle-même générerait 25 000 tonnes de CO2 en raison notamment des modes de transport utilisés par les quelques 20 000 participants. La plupart d’entre eux auraient recours à l’avion – moyen de transport le plus polluant – pour se rendre au Qatar. Ont-ils d’autres alternatives ? Dure de se rendre dans l’émirat en vélib’ !

Le non-renouvellement du protocole de Kyoto.

La Conférence de Doha doit permettre de prolonger le protocole de Kyoto. Date d’expiration : fin 2012. Unique instrument juridique réellement efficace, il contraint les pays industrialisés – en dehors des Etats-Unis – à réduire leurs émissions de C02 pour éviter une hausse des températures de plus de 2°C. Pourquoi le renouvellement d’un protocole aussi essentiel semble impossible ?

Car des pays pollueurs tels que la Russie, la Nouvelle-Zélande, la Chine et le Japon refusent toute réduction supplémentaire. Quant aux pays en voie de développement, le Brésil, la Chine, l’Inde et l’Afrique du Sud, ils refusent de s’impliquer dans le processus de concertation tant que les pays riches – qui portent une responsabilité historique – ne promettent pas de réduire davantage leurs propres émissions de GES.

La Conférence de Doha sur le climat, un casse-tête chinois (ou qatari) ? Chaque pays n’en fait qu’à sa tête au risque d’attraper plus tôt que prévu une insolation terrassante !



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