Mohamed Morsi : le « nouveau pharaon » islamiste de l’Egypte ?

En étendant ses pouvoirs et en se plaçant au-dessus de la Justice, le président de l’Egypte, Mohamed Morsi, se serait auto-proclamé « nouveau pharaon ». Selon la principale figure de l’opposition, Mohamed ElBaradei, cet « énorme coup porté à la Révolution  […] pourrait avoir d’épouvantables conséquences » ! Et les décisions du candidat des Frères musulmans, annoncées jeudi 22 novembre, ont bel et bien provoqué de vives réactions dans l’opposition.

A la veille des manifestations organisées par l’opposition libérale et laïque, lundi 26 novembre, le président islamiste de l’Egypte, Mohamed Morsi, a maintenu le décret élargissant ses pouvoirs. La rencontre avec la hiérarchie judiciaire, qui avait pris la tête de la contestation, n’a accouché d’aucun accord. Accord pourtant nécessaire pour sortir de la crise que traverse le pays depuis l’élection de M. Morsi en juin 2012.

Le berceau de la colère des juges : le décret présidentiel qui permet au « nouveau pharaon » – qui cumule déjà pouvoirs exécutif et législatif – de prendre toute disposition qu’il estimerait nécessaire pour « la défense de la révolution ». Formulation floue qui, pour ses adversaires et certains observateurs internationaux, poserait les premières pierres d’un régime dictatorial. Plus concrètement, Mohamed Morsi a annoncé vouloir priver les instances judiciaires de la possibilité d’examiner des appels contre ses décrets.

Le pouvoir judiciaire, d’ores et déjà dépossédé d’une partie de ses pouvoirs, ne peut plus dissoudre la commission constituante. Celle-ci, en finalisant la rédaction de la future Constitution, actuellement bloquée, pourrait abolir les prérogatives exceptionnelles – qui selon l’opposition dépassent celles de son prédécesseur, Hosni Moubarak – de l’actuel président de l’Egypte.

Mohamed Morsi est-il seul contre tous ? Non. La puissante confrérie des Frères musulmans le soutient fermement, mais prudemment. Lundi soir, les partisans du chef de l’Etat islamiste, ont ainsi annulé leur appel à manifester mardi pour « éviter des affrontements » avec leurs opposants laïcs. Sage décision : ces derniers jours, deux personnes ont perdu la vie dans les émeutes. Plus de 440 Egyptiens ont été blessés.

Combien de morts supplémentaires seront nécessaires pour faire reculer M. Morsi ? La montée en puissance des mobilisations conduira-t-elle au renversement du « nouveau pharaon » ? Les slogans scandés par les manifestants sur la Place Tahrir, « Morsi, enlève ta barbe, on verra Moubarak » et « Le peuple veut la chute du régime », annoncent-ils le déclenchement imminent d’une seconde révolution en Egypte.

Pourtant, Mohamed Morsi nie le moindre « changement dans la déclaration constitutionnelle » tout en précisant aux juges que les décisions concernant les questions liées « à ses pouvoirs souverains » sont irrévocables ! Irrévocables ou temporaires ? Les deux semblent contradictoires…

Crédit photo : Reuters.

 


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