« Charlie Hebdo » : les « deux éditions » de cette semaine, une nouvelle provocation ?

Taclé de toutes parts pour la publication de caricatures du prophète Mahomet en pleine période de tensions religieuses, l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo s’en tient à sa ligne de conduite en publiant deux édition du journal : une « consensuelle » et l’autre irrévérencieuse. 

Les collaborateurs du journal et Charb gardent le cap : la mise en kiosques d’une double édition particulièrement ironique le prouve.

Dans l’un, le Charlie Hebdo « irresponsable », dessins et textes satiriques sont de rigueur. Mais c’est dans l’autre, le Charlie « responsable », que se concentre toute l’insolence des journalistes.

L’édition s’ouvre sur un édito d’ « excuses » particulièrement ironique : « Afin de satisfaire Laurent Fabius, Brice Hortefeux et Tarik Ramadan, Charlie Hebdo ne mettra plus d’huile sur le feu et ne sera plus jamais irresponsable. Charlie qui fut naguère un journal de caricature ne se souciant ni de politesse, ni de bon goût, ne fera plus preuve d’irrévérence à l’égard de l’islam et du prophète Mahomet. » .

Après cette première mise en bouche, les pages du journal se révèlent…blanches. Des titres évocateurs ( « Le chômage, ce fléau » , « Prudence est mère de sûreté » ) surplombent des colonnes vides. Une façon pour les journalistes d’exprimer que sans liberté de critiquer et d’ironiser, la presse est baîllonnée et n’informe plus.

Débats absurdes ( « Fallait-il montrer les seins de la reine d’Angleterre ? » ) et pages blanches garnissent cette édition « responsable », réponse directe et tranchée aux critiques des politiques sur la publication des caricatures la semaine dernière.

Mettant en exergue la question de la liberté d’expression des journalistes, les rédacteurs de Charlie-Hebdo cherchent à interpeller l’opinion et le pouvoir sur les limites de ce droit pourtant à la base de la Loi sur la liberté de la presse de juillet 1881.


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