Des grandes écoles pour tous ?

La Conférence des grandes écoles (CGE) oppose un non unanime à la proposition du gouvernement de mettre en place un quota de 30% de boursiers parmi les étudiants de ses écoles. La CGE désapprouve la notion de quotas tout en reconnaissant la nécessité de démocratiser l’accès à l’enseignement supérieur. Pour elle, cela doit se faire à travers « des soutiens individualisés (…) apportés aux candidats issus de milieux défavorisés » et non pas par une politique de quotas qui entrainerait une baisse du niveau général.

Si ce taux de 30% est en passe d’être atteint avec un an d’avance dans les classes préparatoires aux grandes écoles, c’est encore loin d’être le cas dans des écoles comme Polytechnique, qui compte 11,03% de boursiers ou HEC et l’Essec qui ont comptent elles 12,3. Le but du gouvernement est de remettre en question un modèle de formation et de recrutement trop sélectif et ainsi permettre une plus grande ouverture sociale. L’entourage de Valérie Pécresse, ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, se défend de toute tentative d’imposition de quotas, lui préférant le terme d' »objectif » à atteindre.

De leur côté, les grandes écoles optent pour d’autres solutions : elles choisissent d’aider les candidats issus de milieux défavorisés ou modestes en mettant en place, comme à l’Essec, un système de tutorat et d’ouverture culturelle appelé « une prépa, une grande école, pourquoi pas moi? » qui met en relation un étudiant de l’école et un jeune souhaitant y entrer un jour.

Le président Sarkozy a réaffirmé aujourd’hui son soutien à ce projet, tout en refusant de l’apparenter à une instauration autoritaire de quotas. Pour lui, cela doit permettre de prouver que ces établissements d’élite peuvent accueillir des étudiants de tous les horizons, sans être exclusivement réservés à « quelques initiés, à quelques enfants de la grande bourgeoisie ».

Les question que pose cette polémique sont nombreuses : cette politique de quotas s’apparente-t-elle à de la discrimination positive et des places seront-elles réservées aux seuls boursiers, au détriment d’autres candidats peut-être plus méritants? Pour Pierre Tapie, directeur général de l’Essec, « une politique de quotas serait absurde ». Existe-t-il de réelles discriminations dans le système d’admission aux grandes écoles? Les concours d’entrée sont gratuits, ou presque, pour les étudiants boursiers et beaucoup d’autres frais sont couverts. Il ne semble pas y avoir d’exclusion. Peut-être ne se pose-t-on pas les bonnes questions. Le concours d’entrée se fait généralement après deux ans de prépa. Les prépas recrutent leurs élèves après examen des bulletins de notes du collège et du lycée, le fait qu’ils soient boursiers ou non ne constituant pas un critère de sélection. Les bourses permettent de financer ces études et de passer les concours : seul le travail fourni pendant les deux ou trois années de prépa est jugé, le fait d’être boursier ne rentrant pas en ligne de compte lors du concours. Le vrai problème est celui du système éducatif français au collège et au lycée, qui ne donne pas les moyens nécessaires aux élèves issus de familles défavorisées d’avoir les notes suffisantes à l’entrée en classes préparatoires.

Alors, le modèle à suivre est-il celui d’initiatives isolées comme celles de l’Essec ou celui de l’Institut d’études politiques de Paris (Sciences-po), qui a signé des « conventions ZEP », réservant des places au concours d’entrée aux meilleurs élèves des quartiers défavorisés, et qui se développe de plus en plus ces dernières années?


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