Lycée : L’histoire-géo en sursis ?

La réforme du lycée voulue par le gouvernement tend à supprimer l’histoire-géo du programme de terminale scientifique. Une annonce qui a provoqué la colère de vingt universitaires de renom. Le débat est ouvert.

Le gouvernement actuel veut rénover le lycée français. Une de ses mesures prévues vise la matière « Histoire-géographie » pour la branche scientifique. En gros, les élèves de S auront terminé le programme en première et passeront l’épreuve du Bac au même moment que celle de français, déjà avancée d’un an. «On ne supprime pas le programme d’histoire-géo en terminale scientifique, ce programme sera vu en première. En première, les lycéens de la filière S vont voir leur horaire d’histoire-géo passer de 2h30 à 4 heures», explique ainsi le ministre de l’éducation, Luc Chatel. «Que les élèves soient en filière scientifique ou littéraire, ils auront en première quatre heures d’histoire-géo, une discipline qui fait partie du tronc commun de matières partagées», a-t-il précisé. Aussi, «Les lycéens en filière S qui seraient spécialement intéressés par l’histoire pourront suivre une option de deux heures d’histoire

Une place « éminente » pour Luc Chatel

Luc Chatel terminant en voulant rassurer tout le monde : « L’histoire-géo va garder la place éminente qui a toujours été la sienne dans le système éducatif français et va même voir sa place confortée.» Pour que le ministre de l’éducation mette autant de formes dans son discours, c’est qu’il y a contestation. En effet, l’histoire-géo n’est certes pas la matière préférée des élèves scientifiques et certainement pas celle des membres du gouvernement – une matière relevant plus de la culture générale n’est pas forcément très prisée par les entreprises – elle n’en reste pas moins l’une des bases du système éducatif français. Du coup, vingt intellectuels – dont Alain Finkelkraut, Jean-Pierre Azéma et Hervé le Bras – ont lancé une pétition, hier dans le JDD. Le texte ne fait pas d’équivoque : « Universitaires, personnalités artistiques et politiques s’insurgent contre la proposition de rendre optionnelle l’histoire-géo en terminale.»

« Quels citoyens voulons-nous pour demain ? »

Pour Hubert Tison, président de l’Association des professeurs d’histoire-géographie (APHG), « Cela dénote une volonté de rupture avec les humanités et avec des valeurs supposées être de gauche. Dans une vision utilitariste de la société, tout enseignement qui ne débouche pas sur un métier concret est mal vu. » L’historienne Hélène Carrère d’Encausse explique, pour sa part, qu’il serait « catastrophique que des élèves de terminale ne disposent pas d’enseignement en histoire-géographie, ce qui les priverait de la culture générale la plus élémentaire qui forme l’entendement des citoyens. » Spécialiste du XXe siècle, Pierre Milza va encore plus loin, dénonçant « une régression formidable qui pourrait concourir à une amnésie générale. » Bref, la proposition n’a pas été bien reçue et le débat si souvent abordé, est de nouveau lancé : l’école française doit-elle former des employés ou des citoyens ? D’ailleurs, intellectuels et historiens ne font pas mystère de cette problématique sous-jacente, en demandant clairement : « Quels citoyens voulons-nous pour demain ? » La question est loin d’être tranchée…

[poll id= »2″]


« »

© 2024 Planete Campus. Tous droits réservés