Karachi: Des fonds secrets auraient financé la campagne de Balladur

Les dernières révélations du journal « Libération » du lundi 2 janvier, ont relancé les suspicions quant à l’implication de Nicolas Sarkozy, à l’époque ministre du Budget, dans le dossier Karachi. Un ancien haut fonctionnaire a affirmé au juge Renaud Van Ruymbeke que Nicolas Sarkozy était au courant des rétro-commissions. Dans l’entourage du président, on invoque une instrumentalisation politique à cinq mois de l’élection présidentielle. 

Le journal Libération a affirmé que Nicolas Sarkozy, ministre du Budget en 1994, avait validé la création d’une société luxembourgeoise servant à payer des intermédiaires dans des contrats d’armement. Le journal s’appuie sur le procès verbal d’audition de Gérard-Philippe Menayas, un ancien haut fonctionnaire du ministère de la Défense et ex-directeur administratif et financier de la DCNI, branche internationale de la Direction des construction navales, chargée de la vente des sous-marins Agosta au Pakistan, entendu en décembre par le juge Renaud Van Ruymbeke, en charge du volet financier de l’affaire.  « Il est clair que le ministère du Budget a nécessairement donné son accord pour la création de Heine (…) Vu l’importance du sujet, cette décision ne pouvait être prise qu’au niveau du cabinet du ministre », a déclaré M. Menayas. Il estime que, sans cet aval, il « n’aurai(t) jamais obtenu (…) l’accord de la direction générale des impôts (…) pour payer des commissions via Heine ».

Il  indique pour la première fois que Nicolas Sarkozy ne pouvait ignorer le versement de commissions en marge de la signature d’un contrat d’armement avec le Pakistan, au cœur du scandale. Le rôle du Président n’est pas la seule révélation de Menayas. Ce dernier indique également que c’est Benoît Bazire qui a suivi la signature du contrat avec le Pakistan. Benoît Bazire est alors à la direction générale de l’armement. Il est aussi le frère de Nicolas Bazire, alors directeur de cabinet de Balladur à Matignon et qui deviendra directeur de campagne du Premier ministre en 1995. Les réactions ne se sont pas faites attendre. L’équipe de François Hollande a demandé que le rôle joué par Nicolas Sarkozy soit « précisé » et a réclamé la levée du secret-défense « sur l’ensemble des documents relatifs à ces contrats » d’armement.

Le ministre de l’Intérieur, Claude Guéant, a réagit ce mercredi sur Europe 1 à la publication des procès verbaux par Libération. Il a accusé le Parti socialiste d’exploiter le dossier Karachi sur un éventuel financement politique illégal de la campagne d’Edouard Balladur en 1995 qu’il a qualifié « de montage pour salir la réputation » de Nicolas Sarkozy.  « C’est pire qu’une fable, c’est un montage pour salir la réputation d’un homme », a déclaré Claude Guéant. A propos de l’exploitation de cette affaire, il a répondu: « il suffit d’entendre le parti socialiste qui accuse ». Sur le rôle prêté à M. Sarkozy dans ce dossier, M. Guéant a estimé qu' »on essaie de le mettre en cause dans des montages financiers qui auraient abouti à des paiements de commissions », et dénoncé « un procédé tout a fait scandaleux ». « On part d’une hypothèse sans preuve émise lors d’une audition de justice. On en fait ensuite une affirmation et quelques jours après, à force d’être répété, ça devient une certitude », a-t-il dénoncé.

Ces nouveaux éléments vont sérieusement perturber la défense de Nicolas Sarkozy sur cette affaire. En effet, il avait affirmé en septembre dernier par un communiqué de l’Elysée qu’il n’avait « jamais exercé la moindre responsabilité dans le financement de cette campagne ». Balladur, dont il était le porte-parole, et son nom « n’apparaît dans aucun des éléments du dossier ». Il avait affirmé être « totalement étranger » à cette affaire, « d’autant plus qu’à l’époque où il était ministre du Budget, il avait manifesté son hostilité à ce contrat comme cela apparaît dans les pièces de la procédure », avait précisé la présidence.


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