Borloo : il sème « la confusion » en renonçant à la présidentielle

Le président du Parti radical et le leader de l’Alliance des centres a annoncé dimanche, au JT de 20H de TF1, qu’il ne se présenterait pas à l’élection présidentielle. Alors que l’UMP est soulagée après cette annonce, c’est le désarroi dans son propre camp.

Jean-Louis Borloo a crée la surprise lors de cette interview: « En mon âme et conscience, je suis un homme politique responsable, j’ai considéré que ce serait une candidature qui apporterait plus de la confusion que des solutions »a t-il déclaré estimant que la crise économique et sociale actuelle troublait les repères des Français. Il s’est aussi justifié en disant ne pas vouloir favoriser le vote vers les extrêmes, sans citer le Front National.

Pourtant, il avait réussi à fédérer les partis de centre-droit au sein de l’Alliance Républicaine écologiste et sociale (ARES). Mais sur TF1, il a confessé un constat d’échec : « cette dynamique des centres n’est pas suffisante pour porter une candidature, non pas de témoignage mais pour être présent au deuxième tour de l’élection présidentielle ». André Rossinot, le président d’honneur du Parti radical, a «salué» dans un communiqué la décision «pas facile à prendre» de Jean-Louis Borloo. «Il a choisi la voie de la raison et pesé, avec un vrai sens des responsabilités, le risque d’un 21 avril».

Au parti socialiste, François Hollande, a souligné que la décision de Jean-Louis Borloo montre que «la candidature unique de la droite est aujourd’hui plutôt en marche, ce qui doit faire réfléchir la gauche». Par ailleurs, quand on lui a demandé si la décision du président du Parti radical était «un beau cadeau pour Nicolas Sarkozy», il a estimé qu’«on peut le regarder effectivement ainsi».

C’est auprès de ses proches politiques que son abandon a suscité le plus de controverses. Rama Yade a affirmé que «Jean-Louis Borloo fait le sacrifice de sa candidature pour la majorité, il lui donne une ultime chance de se refaire. Aujourd’hui, l’UMP ne peut plus accuser les autres de ses difficultés et doit prendre en compte notre sensibilité progressiste». Si elle s’est déclarée triste mais compréhensive, elle attend désormais qu’un nouveau congrès se rassemble rapidement afin que le Parti radical s’exprime sur la candidature qu’il souhaite soutenir.

Une décision qui n’est pas tombée dans l’oreille d’un sourd. Le 8 septembre, la première université d’été de l’Alliance avait été marquée par la rivalité entre Jean-Louis Borloo et Hervé Morin, tous deux souhaitant représenter le centre à la présidentielle. Le président du nouveau-centre, Hervé Morin s’est donc exprimé sur son compte Twitter : «Je viens d’apprendre que Jean-Louis Borloo ne serait pas candidat, ma détermination n’a jamais été aussi forte». Du côté de l’UMP, on se réjouit aussi de cette annonce surprise. Jean-François Coppé a salué cette « décision empreinte de beaucoup sagesse et de responsabilité ». Il a ainsi souligné qu’il tendait la main au centriste, qui depuis son éviction du gouvernement s’est pourtant démarqué de Nicolas Sarkozy.

A sept mois de l’élection présidentielle, des questions sont aujourd’hui en suspens au sujet de son désistement. Alors qu’il s’était battu pour incarner le rassemblement des radicaux, et qu’il avait annoncé en avril dernier sur France 2 son intention de s’émanciper de l’UMP, ses anciens amis du parti présidentiel brandissaient la menace d’un «21 avril à l’envers», le désignant comme responsable si Marine Le Pen serait second tour. Sa non-candidature est un choix personnel ou a t-il était victime de pressions? Il est resté flou lors de son interview quant au soutien qu’il pourrait apporter à Nicolas Sarkozy.

Sur une lettre ouverte publiée sur le site du Parti radical, il s’est expliqué : « Je sais que ma décision va décevoir mes amis. Il aurait été bien plus facile de profiter des difficultés de la majorité, et notamment de la défaite au Sénat, pour exister et me démarquer. Mais, c’est une lecture trop rapide et superficielle. Je veux rassurer mes amis : je n’ai rien demandé, rien négocié, et surtout rien abandonné de mes convictions. (…) Et je vais continuer à me battre pour accélérer la recomposition du paysage politique français. Je suis, plus que jamais, un homme libre et déterminé à servir les Françaises et les Français. »  

S’il estime que « les temps sont suffisamment troublés pour ne pas ajouter de la confusion à la confusion« , c’est bien l’électorat qui risque d’être troublé pour le lapin qu’il vient de poser aux centristes.

 


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