Goncourt: Le clash NDiaye/Raoult continue

D’un côté, Marie Ndiaye, écrivain récemment auréolé du prix Goncourt pour son roman « Les trois femmes puissantes. » De l’autre, Eric Raoult, député UMP. Au milieu, une polémique mêlant liberté d’expression, droit de réserve et critiques contre le gouvernement Sarkozy. Décryptage. 

 

« Je trouve cette France monstrueuse. Je trouve détestable cette atmosphère de flicage, de vulgarité. » Marie Ndiaye, lors d’une interview accordée en août dernier – elle n’était donc pas encore primée – aux Inrocks, a osé dire ce qu’elle pensait. En a-ton encore le droit ? Pas vraiment, selon Eric Raoult. Le député UMP est immédiatement sorti de ses gonds. L’homme politique arguant un « devoir de réserve du Prix Goncourt » que lui seul semble comprendre. « Le devoir de réserve n’existe en droit que pour les fonctionnaires », vient ainsi lui rappeler Françoise Chandernagor, membre du jury Goncourt. Bernard Pivot y allant encore plus directement: « Le devoir de réserve des Prix Goncourt n’a jamais existé, n’existe pas et n’existera jamais. Ce serait bien mal connaître les écrivains. » 

Pourtant, les critiques d’Eric Raoult avaient semble-t-il, eu leur effet. Marie NDiaye jugeant hier sur Europe 1 ses propos « très excessifs. » 

 

Elle persiste et signe 

Nouvelle volte-face ce matin. L’écrivain a ainsi accordé un autre entretien à l’hebdomadaire musical, confirmant ses propos d’août dernier. « Je persiste et je signe« , déclare ainsi Marie NDiaye. La lauréate du Goncourt en appelle aussi au ministre de la Culture « qui doit maintenant intervenir dans ce débat ridicule, et y mettre un point final. » Pour l’instant courageux mais pas téméraire, Frédéric Mitterand s’est contenté d’une prise de position toute helvétique: chacun fait ce qu’il veut. D’abord, le neveu Mitterrand a déclaré : « Les écrivains qui reçoivent le Prix Goncourt ont le droit de dire ce qu’ils veulent », suivi d’un tout aussi plat: « Eric Raoult qui est un ami et un homme très estimable a le droit, en tant que citoyen, voire en tant que parlementaire, de dire ce qu’il pense. » Si le ministre de la Culture n’a visiblement rien à dire sur ce débat concernant la liberté d’expression des écrivains, rappelons tout de même le pedigree d’Eric Raoult. 

Se positionnant en redresseur de tort, cet homme politique est surtout connu pour avoir soutenu un amendement visant à rétablir la peine de mort. Aussi, ce député fut l’un des plus féroces opposants à l’homoparentalité. Lors des émeutes en 2005, Eric Raoult, mairie de Raincy, a également été le premier maire à décréter le couvre-feu avant même que l’Etat n’en fasse la demande. Bref, un maire sur le bord droit de l’UMP, qui donne des leçons de morale à une lauréate du Prix Goncourt.

 


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