Affaire Karachi : Sarkozy est dans le collimateur de Van Ruymbeke

Nicolas Bazire et Thierry Gaubert, deux proches de Nicolas Sarkozy, ont été mis en examen dans le cadre de l’affaire des comptes de campagne de Balladur et de l’attentat de Karachi. L’étau judiciaire se resserre autour du chef de l’Etat.

C’est le juge Renaud van Ruymbeke, magistrat indépendant, qui est en charge de l’affaire et qui enquête sur la campagne présidentielle de Balladur en 1995. Il enquête sur un éventuel financement occulte de cette campagne par le biais de rétrocommissions versées dans le cadre de contrats d’armement, mises en lumière dans l’enquête sur l’attentat de Karachi en 2002.

Le 8 mai 2002, un bus transportant des employés français de la Direction des constructions navales (DCN) avaient fait l’objet d’un attentat. Quatorze personnes dont onze Français sont tués. Al Quaïda avait été accusé, alors qu’en 2009 le juge Marc Trévidic avait découvert un rapport secret de la DCN qui attestait que l’attentat de Karachi aurait été une mesure de rétorsion des Pakistanais pour l’arrêt du versement des commissions promises par la France.

Nicolas Bazire, 54 ans, ancien directeur de campagne d’Édouard Balladur et ami de l’actuel chef de l’État, a été mis en examen mercredi matin pour complicité d’abus de biens sociaux et laissé en liberté sans contrôle judiciaire. Thierry Gaubert, un autre proche de Nicolas Sarkozy, a quant à lui été mis en examen mercredi soir pour recel d’abus de biens sociaux.

La justice se rapproche dangereusement de Nicolas Sarkozy. Et l’Élysée a vivement réagi en dénonçant «calomnie et manipulation politicienne» et en démentant tout lien entre Nicolas Sarkozy et le financement de la campagne d’Édouard Balladur. De plus, l’Elysée a affirmé que Nicolas Sarkozy n’avait «jamais exercé la moindre responsabilité dans le financement de cette campagne», car il n’était que le porte-parole. D’autant plus que dans le dossier, son nom « n’apparaît dans aucun des éléments. »

Pour expliquer simplement l’affaire : Nicolas Bazire aurait entreposé de grosses sommes en espèces dans un coffre-fort dans son bureau, qu’il récupérait via Thierry Gaubert et l’homme d’affaire franco-libanais Takieddine, un intermédiaire dans des contrats d’armement. Bien sur, l’avocat de Nicolas Bazire dément les témoignages expliquant cette version des faits.

En 1994, Ziad Takieddine avait négocié des contrats d’armement, concernant des sous-marins au Pakistan. Ces contrats énormes s’accompagnaient de commissions dans les pays partenaires pour les « intermédiaires », parfois assorties de rétrocommissions qui alimentaient les caisses noires des partis. Bien sur, des commissions étaient promis à certains militaires pakistanais.

L’enquête mené par Renaud van Ruymbeke a mis au jour le versement d’importantes sommes d’argent en espèces sur le compte de campagne, d’un montant de 20 millions de francs. Selon Balladur, l’argent proviendrait de la vente d’objets lors des meetings.

Edouard Balladur devrait être entendu par la Justice sur cette énorme somme d’argent, alors que Nicolas Sarkozy ne sera ni entendu comme témoin ni mis en examen. Même si il est directement désigné par un rapport de la police au Luxembourg remis au juge comme étant l’un des possibles maîtres d’œuvre de circuits financiers au Luxembourg, par lesquels sont passés les commissions du contrat pakistanais, le chef de l’Etat bénéficie de l’immunité présidentielle tant qu’il sera à l’Elysée.

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