Etat Palestinien : comment cela peut-il aider le conflit ?

Le président palestinien a affirmé, vendredi, qu’il présenterait la demande d’adhésion d’un Etat de Palestine à l’ONU pour qu’elle soit soumise au Conseil de sécurité. « Nous allons au Conseil de sécurité », a déclaré M. Abbas devant la direction palestinienne, à Ramallah, en Cisjordanie. « Après mon discours [devant l’Assemblée générale le 23 septembre], je présenterai la demande d’adhésion au secrétaire général afin qu’il la transmette au président du Conseil de sécurité ».

Quels sont les enjeux du vote ? «Si les Palestiniens prennent une telle décision unilatérale, cela signifiera l’annulation de tous les accords, libérera Israël de tous ses engagements et les Palestiniens en porteront l’entière responsabilité», a menacé Danny Ayalon à la radio publique israélienne. Pour Ygal Palmor, porte-parole du ministère israélien des affaires étrangères « un Etat ne peut émerger que d’une négociation directe et d’un accord bilatéral.[…] Une démarche unilatérale à l’ONU n’apportera strictement rien aux Palestiniens. » Selon lui, une « résolution ne changera rien sur le terrain et rendra extrêmement difficile une reprise des pourparlers de paix. » La tension risque donc de s’exacerber entre Israël et la Palestine mais les enjeux ne concernent pas seulement les deux parties.

La position des Etats-Unis. La demande d’adhésion à l’ONU en tant qu’Etat Palestinien risque en effet de détériorer les relations des Etats-Unis avec le monde arabe suite à son opposition. Le président Barack Obama avait d’emblée annoncé qu’il allait mettre son véto à la demande d’adhésion de Mahmoud Abbas, comme il s’y était engagé auprès de son allié israélien. L’administration américaine risque effectivement de perdre le peu de crédibilité qu’elle a dans le Moyen-Orient, et ainsi perdre également de son influence. Pour éviter de devoir faire usage de son droit de veto, Washington fait donc, depuis de nombreuses semaines, des pieds et des mains pour empêcher que le président palestinien ne mette son projet à exécution.

Et le reste du monde ? Si le président palestinien porte le vote devant l’Assemblée générale, il semblerait qu’une large majorité des Etats membres soient en faveur de l’initiative de Mahmoud Abbas. L’UE reste divisée sur la question : l’Allemagne et l’Italie y sont opposées, la Pologne et la Tchéquie continuent de s’aligner sur Washington, l’Espagne y est favorable tandis que la plupart des autres pays membres, dont la Belgique, n’ont pas encore clarifié leur position de manière définitive. Cependant, dans le reste du monde, la Palestine bénéficie de nombreux soutiens, notamment en Amérique du Sud. Le Brésil, l’Argentine, la Bolivie et l’Equateur y sont favorables, étant donné qu’ils ont déjà reconnu l’Etat palestinien dans ses frontières de 1967. Le monde musulman est également unanimement en faveur de la démarche de l’AP, ainsi que la Chine et la Russie qui ont affirmé qu’elles voteraient favorablement.

Quelles seront les conséquences ? Alors que plusieurs membres du gouvernement israélien ont appelé à des mesures de représailles contre les Palestiniens pour protester contre l’initiative qui vise selon eux à accroître l’isolement de l’Etat hébreu, certains élus américains ont, pour leur part, annoncé leur intention de réduire l’aide financière américaine de 500 millions de dollars par an aux Palestiniens. Si l’issue s’avérait favorable à la Palestine, Israël sortirait encore plus isolée sur la scène internationale alors qu’elle connait déjà de graves crises relationnelles dans la région, notamment avec l’Egypte et la Turquie.


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