Retour des farines animales en Europe : scandaleux

Stupeur et tremblements : les farines animales seront bientôt réintroduites dans l’alimentation des porcs, volailles et poissons en Europe. Ces mêmes farines animales qui étaient responsables de la maladie de la vache folle dans les années 80. Bien que les conditions d’utilisation soient plus strictes qu’à l’époque, une telle décision suscite la controverse.

Le parlement européen a pris sa décision, il ne s’oppose pas au projet de la Commission de réintroduire les farines animales dans l’alimentation des animaux. Les eurodéputés qui se sont opposés au texte, dont Corinne Lepage, Michèle Rivasi ou José Bové, n’ont malheureusement rien pu faire. Dans un futur pas si lointain, on devrait donc voir réapparaitre ces farines hyper-protéinées créées à partir de la même matière première : des restes d’autres animaux (volailles, bovins, ovins, porcs, poisson, os, sang, plûmes).

Mais cette fois-ci, contrairement aux années 80, les conditions d’utilisation de ces farines animales seront plus contrôlées : les animaux ne consommeront pas de farines animales fabriquées à partir de leur propre espèce. Ainsi, les poissons n’auront pas de farine à partir de poisson, etc. Selon l’Agence européenne de sécurité des aliments (EFSA) qui a étudié le phénomène chez des porcs alimentés avec des farines de volailles, le risque d’exposition à l’homme sera « négligeable. » Il n’y aurait donc pas de risque de vache folle, d’autant plus que, vous l’aurez remarqué, les bovin sont exclus – pour l’instant – de ce programme de réhabilitation.

Ce programme passe par un changement symbolique : il ne faut plus confondre « farines animales » avec « protéines animales transformées » (dites PAT). Ces dernières existent déjà à partir de végétaux comme le soja. Pour votre bonheur, Rue89 indique que ces « protéines animales transformées » de soja sont en partie des OGM. Véronique Bellemain, adjointe au président du Conseil national de l’alimentation, explique également que les PAT ne seront pas « issues des cadavres trouvés morts à la ferme et qui sont peut-être morts de maladie ». Encore heureux, a-t-on envie de dire. Pour elle, ce seront « des sous-produits d’animaux sains pour la consommation humaine, comme les plumes, cuirs, os et viscères. En Asie ou en Afrique, ces parties sont d’ailleurs mangées par les humains. » Mouais, pas convaincu.

D’autant plus que Michèle Rivasi a étudié l’organisation de la filière et a constaté que « les équarrisseurs mélangent les animaux sans aucune traçabilité, on n’a pas de garantie. » Avec tous les produits que les bêtes ingurgitent de nos jours, qui ont parfois des impacts sur leurs hormones, il ne serait pas surprenant que dans quelques années, une pathologie inconnue ou une souche modifiée résistante fasse des ravages. Attention, manger tue. Merci les autorités sanitaires. Je ne sais pas vous, mais je commence à me demander si je ne vais pas me tourner vers les insectes

A l’origine, les farines animales ont été utilisées pour répondre à deux problématiques : les cours des céréales flambaient mais pas les revenus des agriculteurs, alors comment trouver un mode d’alimentation des animaux moins coûteux ? Que faire des abats non consommés par l’homme (peaux, graisses animales…) qui représentent un volume important ? En 1986, scandale de la vache folle et interdiction desdites farines. Tout comme l’exploitation des gaz de schiste aujourd’hui, les coûts priment sur la santé des consommateurs.

Moindre consolation, Bruno Lemaire a fait savoir que la mesure ne s’appliquerait pas en France tant qu’il sera ministre de l’Agriculture.

Source: Rue89 / Crédit photo: THOMAS WIRTH, AFP


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