Côte d’Ivoire: pourquoi la France prend elle partie ?

«La puissance coloniale (…) est toujours illégitime à prononcer un jugement sur les affaires intérieures d’une ancienne colonie.» Ce sont les mots du président Français Nicolas Sarkozy en parlant de la Tunisie et de l’Algérie. Alors pourquoi intervenir militairement en Côte d’Ivoire, en quoi la Côte d’Ivoire est-elle différente des autres pays ?Sarkozy un Bush refoulé ? Des questions qui méritent d’être posées.

Le ministère russe des Affaires étrangères a estimé jeudi dans un communiqué que les troupes françaises et de l’ONU s’étaient ingérées dans un « conflit intérieur » en Côte d’Ivoire « Il faut absolument régler les aspects légaux de l’action des troupes de maintien de la paix de l’ONU et du contingent français en Côte d’Ivoire, qui se sont ingérées dans un conflit intérieur en soutenant l’une des parties » ajoutant que « le changement de pouvoir par la force ne pourra guère entraîner l’avènement en Côte d’Ivoire d’une ère de démocratie, de paix et de stabilité »

De son côté la France affirme agir à la demande de l’Organisation des nations unies, en application de la résolution 1975 du Conseil de sécurité qu’elle a elle-même proposée aidée du Nigeria, au Conseil de Sécurité . Venant à l’aide à l’ONU mal équipé en Côte d’Ivoire, suite à une demande de Ban Ki Moon .

Une intervention précipitée par les déclarations anti-françaises du clan Gbagbo et l’enlèvement de deux Français.

En cas de guerre civile entre les deux camps, la France ne tient pas à se voir reprocher son manque d’intervention, comme ce fut le cas au Rwanda. Les nombreuses tueries (tirs à l’arme lourde, civils égorgés, brûlés vifs) enlèvements et pillages, et demande de l’aide face à la dégradation de la situation alimentaire et sanitaire principalement à Abidjan, Gagnoa, Duékoué et Agbov sont à l’origine de cette prise de position.

Les intérêts économique à défendre

Vincent Darracq, docteur en sciences politiques interrogé par La Tribune explique qu’avec cette intervention les investisseurs français ont encore de beaux jours devant eux en Côte d’Ivoire « La France est le premier partenaire commercial de la Côte d’Ivoire et devrait le rester. Tout un tissu de petites entreprises, principalement dans l’import/export, sont bien implantées aux côtés des grands groupes tels que Bolloré, Total, Bouygues ou France Télécom. Laurent Gbagbo surfait sur un anti-impérialisme français, mais il a paradoxalement toujours privilégié les intérêts économiques de la France. Avec Alassane Ouattara, qui n’est pas du tout anti-français, ce sera encore moins un problème. D’autant plus qu’il va devoir son arrivée au pouvoir à l’intervention militaire de la France … »