Cantonales: Faut t-il avoir peur du Front National pour 2012?

Confirmant sa montée dans les récents sondages, le Front National a montré, ce weekend lors des cantonales, qu’il s’installait progressivement dans la vie politique française. Le parti d’extrême-droite semble également s’imposer comme la troisième force pour 2012. Pourtant, même si la progression du FN est certaine, les résultats de ces dernières cantonales ne permettent pas de dire réellement si Marine Le Pen peut faire sensation aux présidentielles.

Après le second tour des élections cantonales ce dimanche, c’était la satisfaction au siège du Front National, le parti ayant obtenu 11,73% des voix. En regardant plus précisément les scores frontistes, Marine Le Pen se réjouit : « un électeur sur trois a voté pour nous, c’est considérable. Et ça veut dire quoi ? Qu’à quelques centaines de voix près nous aurions bien pu avoir plusieurs dizaines d’élus dans les conseils généraux. »

Une satisfaction… pour presque rien

Louis Aliot, le numéro deux du parti et compagnon de Marine Le Pen, espérait en fin de semaine dernière « 10 à 50 » victoires frontistes. Résultat : dans les quelques 400 cantons dans lesquels le FN s’était maintenu, il n’obtient que deux sièges. Bien en dessous des espérances, donc, surtout que deux hommes importants du parti – Steeve Briois, secrétaire général du Front National, et Louis Aliot – ont été battus. Le FN progresse doucement en termes de voix, certes, mais il n’y a pas eu de « vague bleu Marine. »

Pas beaucoup de votants

Cette absence de mouvement pro-FN peut s’expliquer, il est vrai, par l’abstention qui, comme lors du premier tour, a été très élevée : elle a atteint le niveau record de 55,15% pour des élections ! Plus de la moitié des électeurs ne s’est donc pas déplacée… Serait-ce une sanction contre l’UMP et le PS, comme le dit Jean-Marie Le Pen, ou une absence de mobilisation pour le FN ? Mystère, mais on peut penser que l’abstention sera fortement réduite lors du second tour des présidentielles (20% en 2002, 16% en 2007). S’il n’y a pas eu « de mouvement d’émoi anti-FN » ce weekend, selon l’estimation de Jean-Daniel Lévy, qu’en sera-t-il en 2012 pour des élections plus importantes aux yeux des Français ? Le scénario de 2002 pourrait très bien se renouveler (Politique fiction, quand tu nous tiens).

Et les autres partis, dans tout ça ?

Il faut souligner que c’est le Parti socialiste qui réalise le meilleur score, et de loin. Ainsi, le PS obtient 35,75% des voix, loin devant l’UMP et ses 20,24%. Même si la droite a pris une claque, encore une, ces deux partis sont donc encore en tête dans les votes des électeurs. Pour le PS, il n’y pas eu de vague rose, mais une certaine progression puisque le parti gagne 4 sièges. Un bon résultat qui conforte la position socialiste pour 2012 ; reste plus qu’à trouver un candidat capable d’affronter simultanément un Nicolas Sarkozy en baisse et une Marine Le Pen en hausse dans les sondages.

Voter pour un candidat plutôt que pour un parti

C’est là le problème que rencontre la gauche, tout comme la droite : Marine Le Pen séduit plus que son père. Elle a notamment adouci son discours (même si, au fond, les idées restent les mêmes) et elle évite soigneusement les prises de positions radicales et controversées. Ainsi, selon un récent sondage BVA pour France Info, 52% des personnes interrogées estiment que le FN est un parti « comme les autres », c’est dix points de plus qu’il y a six mois. Une banalisation des idées d’extrême droite qui fait écho à l’enquête Harris Interactive publiée mercredi dans Le Parisien, qui révélait que 37% des Français jugeaient « acceptable » le fait d’avoir un élu frontiste.

Très charismatique, Marine Le Pen pourrait donc attirer les voix des gens qui votent pour la personnalité du candidat plutôt que pour le parti. Surtout quand, dans les camps d’en face, les candidats possibles sont à la peine, voire inconnus, et que les partis font face à des incertitudes. Nicolas Sarkozy, en baisse fulgurante dans les sondages, est-il toujours le meilleur candidat pour la droite ?  La droite doit-elle empiéter sur les idées du FN pour lui prendre des électeurs, au risque de lui en donner ? A presque un an des élections, qui sera le candidat socialiste ? La gauche arrivera-t-elle à s’allier pour soutenir son candidat ? Autant de questions auxquelles les deux partis doivent vite trouver des réponses, s’ils veulent enrayer la possible percée de Marine Le Pen.


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