Marine Le Pen : le sondage est-il fiable ?

Marine le Pen en tête du premier tour des prochaines élections présidentielles avec 23% devant Martine Aubry et Nicolas Sarkozy. C’est ce qui ressort du sondage Harris Interactive pour le Parisien – Aujourd’hui en France publié ce weekend… et qui fait peur à la droite, comme à la gauche. Ce sondage reflète-t-il pour autant la véritable situation politique en France ?

Un vent de panique soufflait (et souffle toujours) à l’UMP et au PS ce weekend, après la publication du sondage montrant Marine Le Pen remporter le premier tour des élections présidentielles de 2012 avec 23%. Devant Nicolas Sarkozy et Martine Aubry, tous deux à 21%. Le quatrième candidat, François Bayrou, n’obtient que 8% d’intentions de vote. Puis suivent Eva Joly et Dominique de Villepin (7%) ; Olivier Besancenot et Jean-Luc Mélenchon (5%)…

Vous vous demandez surement où sont Dominique Strauss-Kahn, François Hollande et Ségolène Royal : Harris Interactive a préféré réaliser son sondage avec la « représentante légitime » du PS, à savoir Martine Aubry. Mais les résultats d’une nouvelle enquête qui testera DSK et François Hollande seront publié demain matin, toujours dans le Parisien. Ce ne sera pas le cas pour Ségolène Royal, Harris Interactive expliquant qu’elle n’a pas un poids suffisamment important dans les sondages d’opinion.

Dans les sondages d’opinion, justement, on observe un écart significatif pour Marine Le Pen : jusqu’à présent, son plus fort score était de 16%. Comment expliquer, alors, la montée de sa côte de popularité ? On pense tout de suite au coefficient de redressement, qui consiste à modifier la proportion de répondants dans chaque catégorie. Jean-Daniel Lévy, le directeur du département opinion de Harris Interactive, assurait ce matin sur RMC que ce coefficient de redressement était faible, et que l’enquête était fiable. Soit.

Cependant, la méthode utilisée pour ce sondage pose problème : il a été réalisé via Internet, « la pire des techniques » pour Rue89. Car ce moyen ne « permet pas de s’assurer de la sincérité des réponses », contrairement au porte-à-porte. Toujours selon Rue89, on ne peut donc pas qualifier ce récent sondage d’enquête, et encore moins d’enquête d’opinion sincère.

Ainsi, les réponses des quelques 1 618 internautes inscrits sur les listes électorales pourraient en fait refléter une simple protestation contre l’UMP (et le PS), plutôt que de véritables intentions de vote.

Car on a, d’un côté, des ministres englués dans des histoires douteuses avec des dictateurs ; et de l’autre, le rapport dirigé par Arnaud Montebourg (PS) qui dénonce les « dérives du PS » dans les Bouches du Rhône sur fond d’affaire Guérini. Sans oublier les différents débats sur la burqa, l’identité nationale, la place de l’Islam en France, les Roms, etc… qui peuvent profiter à la montée en flèche du FN. Donc, même si ce sondage ne correspond qu’à un mécontentement, la gauche mais surtout la droite, y voient un signal d’alarme.

Comme à son habitude, la France, championne du monde des sondages avec presque 3 enquêtes par jour, accorde un crédit particulier à « un sondage parmi d’autres » selon Jean-François Copé, le secrétaire général de l’UMP. Surtout que Rue89 ajoute que « les sondeurs eux-mêmes ont fini par admettre qu’un sondage aussi loin du scrutin n’a aucune valeur »…