L’école, ça rapporte

Aujourd’hui 5 octobre, trois lycées de l’académie de Créteil testent la prime à l’assiduité. Un principe très discuté qui offre des primes pécuniaires aux élèves qui vont en cours.

L’idée de base à de quoi choquer. Récompenser financièrement les élèves pour être aller en cours. Rémunérer les jeunes car ils font ce qu’ils doivent faire paraît tout de même relever d’une légère ineptie. Il est de notoriété publique qu’âtre citoyen français est globalement une chance mais surtout, ce statut comporte certains droits et devoirs. Celui d’aller à l’école –obligatoire jusqu’à 16 ans – par exemple. Aujourd’hui donc, l’Etat tente de « raccrocher » certains élèves au système scolaire par l’appât du gain. Cette expérimentation concerne trois lycées difficiles de l’académie de Créteil. Attention tout de même à relativiser et à bien comprendre le principe de la mesure.

Les élèves ne toucheront pas directement un « salaire » en s’asseyant sur leur chaise. Il s’agira d’une cagnotte collective pour l’ensemble de la classe. Ce magot pouvant atteindre 10 000 euros, servira à organiser un voyage ou une sortie pour la classe concernée. Ensuite, le problème de l’absentéisme en cours est aujourd’hui devenu plus quasi-insoluble. Selon les chiffres officiels, ce sont 440 000 élèves qui étaient concernés l’an dernier. Autant de jeunes qui sortent du système scolaire sans diplôme et donc sans qualifications solides. Le gouvernement a également tenu à préciser qu’il s’agissait là d’une « expérimentation » et non d’une solution gravée dans la roche. Bref, l’Etat a au moins pris en charge cette réelle dérive sociétale.

Pour ce qui est du message envoyé aux jeunes – se faire payer pour tout, même une chose normale comme aller en cours – on repassera. Les syndicats de parents d’élèves, les professeurs, une majorité d’internautes ont déjà vivement protesté contre cette mesure. Philippe Vrand, président de la PEEP fédération de parents classée à droite, résume un peu le courroux général : « Nous sommes très réservés, et même un peu inquiets (…) On ne veut pas que l’argent soit le levier pour motiver les élèves. »

Une efficacité très incertaine

Au-delà du débat idéologique, la question de l’efficacité de la mesure reste également en suspens. Si les élèves viennent bien en classe, rien ne les oblige encore à écouter ou à travailler. De même, les élèves au fort taux d’absentéisme, très peu investis, ne seront pas forcément stimulés par l’objectif d’un voyage scolaire. Aussi et surtout, comment adapter ce procédé à tous les lycées de France ? L’Etat ne cessant de retirer des postes de professeurs, ôtant pions et surveillants, comment pourrait-il subvenir aux « primes » de milliers d’élèves ?

Cette mesure présentée fièrement par Martin Hirsch pose donc beaucoup d’interrogations et lève autant de doutes. Avec une vision très libérale de la jeunesse – l’appât du gain comme seule source de motivation – le gouvernement innove. Ou comment, par une méthode très discutable, essayer de rattraper quinze années de restriction budgétaire


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