Airbus présidentiel : un gouffre financier ?

Hier était un jour un peu particulier pour Nicolas Sarkozy, qui a enfin pu inaugurer officiellement son nouvel avion présidentiel. La tenue du G20 au 11 et 12 novembre a en effet fourni au chef d’Etat l’occasion d’étrenner sa nouvelle acquisition, au cours d’un vol sans escale reliant Paris à Séoul.

Tout irait pour le mieux si cet Airbus A330-200, surnommé « Air Sarko One » par ses détracteurs, n’était pas la cible depuis quelques mois d’attaques portant sur son coût et le luxe supposément exagéré de son équipement. Dans son édition du 28 juillet, Le Canard Enchainé avait ainsi affirmé que l’avion comporterait une baignoire à remous et un endroit où fumer les cigares, selon les vœux du président. Mieux encore, les Dernières Nouvelles d’Alsace relatait en février dernier que l’Air Force One présidentiel serait équipé d’un four à pizza.

L’opposition s’est bien entendu immédiatement engouffrée dans la brèche : Ségolène Royal a par exemple demandé au chef d’Etat de « sacrifier son avion de luxe », dont il ferait selon elle un usage privé. Inutile de dire que toutes ces accusations ont été rejetées en bloc par le gouvernement et le ministère de la Défense.

Mais que sait-on en réalité ? Tout d’abord, que l’achat et la rénovation de l’Airbus ont coûté 176 millions d’euros, selon un rapport présenté en octobre à l’Assemblée. Quant à son entretien, il devrait revenir à 49 millions d’euros les trois premières années, puis 10 millions d’euros par la suite. L’heure de vol devrait coûter 20 000 euros, contre 8000 pour les deux A-319 qu’employait auparavant la présidence. Toutefois, à en croire le ministère de la Défense, l’avion transporterait « deux fois plus de passagers » (60 contre 37 sur un A-319), et son autonomie supérieure (12 000 km contre 7000 auparavant) permettrait d’économiser sur les frais d’escales.

Quant aux équipements présents à bord, la vidéo ci-dessous, publiée par le Figaro.fr, les détaille. On peut y voir : un vaste bureau, une salle de réunion, une chambre privative avec lit deux places (2 mètres sur 2,20 mètres), dressing et cabinet de douche (pas de baignoire en or massif, donc), un mini-centre médical, une centre de communication et des antimissiles sur les ailes.

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Une liste qui n’a toutefois pas apaisé les critiques, puisque le député PS François Loncle a récemment demandé au secrétaire d’Etat aux Transports de lui communiquer un « détail des dépenses » liées à ce nouvel avion, ainsi qu’une « comparaison financière chiffrée » avec l’ancien appareil. Il est vrai qu’étant donné le caractère décidément dispendieux de l’avion présidentiel, le moins que l’on puisse attendre est un peu de transparence.


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