La retraite, dangereuse pour la santé ?

La question peut sembler provocante, à l’heure où des millions de français envahissent les rues pour protester contre le recul de l’âge du départ à la retraite. Elle est cependant légitime, puisque le New York Times et le Figaro relatent cette semaine les résultats deux études pointant les effets négatifs du départ à la retraite sur la santé.

Le quotidien américain se réfère ainsi à une étude internationale montrant l’existence d’un lien direct entre l’arrêt de l’activité professionnelle et la baisse des performances cognitives (se traduisant notamment par une perte de mémoire). Ainsi, les sexagénaires habitant aux Etats-Unis, au Royaume-Uni ou au Danemark obtiennent de meilleurs résultats aux tests que ceux vivant en France, où l’âge de départ à la retraite est inférieur. Un phénomène qui s’expliquerait par la baisse de la stimulation intellectuelle et de l’interaction sociale souvent consécutive au départ en retraite. Plus inquiétant, la pratique de jeux de réflexion tels que les mots croisés ou le Sudoku n’infléchirait nullement cette baisse de performances globales. Les chercheurs se veulent toutefois prudent, en soulignant que ces résultats pourraient être liés au fait que « les gens dont la mémoire et les capacités de réflexion sont déclinantes ont peut-être d’avantage tendances à partir à la retraite que ceux dont les performances cognitives restent affutées ». Enfin, l’article reste muet sur le sujet des travaux physiquement demandeurs, qui peuvent avoir à terme des répercussions négatives sur la santé.

Quant au Figaro, il rapportait hier les résultats d’une recherche menée par l’Institut allemand pour l’étude du travail. Des chercheurs de l’université de Zurich ont ainsi étudié les effets sur la santé d’une politique de départ à la retraite mise en place par le gouvernement autrichien à la fin des années 80. Ils ont alors constaté que les ouvriers masculins qui ont bénéficié de ces mesures ont vu leur taux de mortalité s’accroitre : partir à la retraite un an plus tôt augmenterait ainsi de13,4% les chances de mourir avant 67 chez les sujets étudiés. Entre autres causes probables, les chercheurs citent l’arrêt de l’activité physique quotidienne et parfois la dépression. De manière intéressante, les femmes sont épargnées par ce phénomène car, « à cause de la répartition traditionnelle des rôles, elles sont plus actives car plus impliquées dans les tâches ménagères». Ce que l’étude ne dit pas, c’est si partir après l’âge légal de la retraite augmente l’espérance de vie des ouvriers.

En somme, ces deux études montrent que le monde du travail, en gardant les individus actifs et impliqués dans la vie sociale, les aident à rester en bonne forme. Rien ne garantit toutefois que l’univers du travail soit le seul à même de fournir ce cadre de stimulation intellectuelle.


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