Expulsion des Roms : Les hommes d’Eglise s’opposent au gouvernement!

Depuis sa résidence d’été de Castel Gandolfo, le Pape Benoît XVI a exhorté hier les pèlerins français à accueillir « les hommes de toutes origines », en référence à la politique d’Etat de la France à l’égard des Roms. D’autres personnalités ecclésiastiques s’élèvent contre le gouvernement  pour dénoncer la politique sécuritaire qu’il mène.

Dimanche, Benoît XVI a rappelé que «tous les hommes sont appelés au salut» en faisant très certainement allusion aux Roms et la politique sécuritaire que mène le gouvernement français à l’égard de cette communauté depuis quelques temps.

En signe de protestation contre le sort réservé aux Roms, un prêtre Lillois a renvoyé au ministre de l’Intérieur sa médaille de l’Ordre national du Mérite, qui n’est autre que l’une des plus grandes distinctions françaises, reçue il y a 4 ans. Le Père Arthur Hervet, 71 ans, engagé dans la défense des Roms et l’amélioration de leurs conditions de vie s’est ensuite pris sans demi-mesure au Chef de l’Etat. « Je prie, je vous demande pardon, pour que M. Sarkozy ait une crise cardiaque (…) Je ne sais plus quoi faire » car « depuis trois mois, c’est une guerre que cette communauté subit », a-t-il confié devant une foule de journalistes. Une déclaration virulente, où l’homme d’Eglise souhaite quand même la mort du président de la République, sur laquelle il est revenu quelques heures plus tard en disant qu’il « regrettait » ses propos sur le président. « Mon désir, c’est que Dieu parle à son coeur. Je ne veux pas sa mort, je veux simplement que Dieu parle à son coeur. Je regrette mes propos », a-t-il dit à l’AFP. Quoi qu’il en soit le cri de cœur du Père Arthur Hervet a sans doute atteint les salles de l’Elysée.

L’archevêque d’Aix-en-Provence et d’Arles, Mgr Christophe Dufour, a quant à lui déclaré que « les discours sécuritaires qui peuvent laisser entendre qu’il y a des populations inférieures sont inacceptables ». Mgr Dufour a assisté en personne jeudi dernier au démantèlement d’un camp de Roms. Dans un communiqué daté d’hier, il appelle au respect de la « dignité » des personnes. «Des caravanes ont été détruites. Je ne mets pas en cause les forces de police qui obéissent aux ordres. Mais je demande le respect des personnes et de leur dignité», a-t-il déclaré.

Excédés par la situation, ces hommes d’Eglise ont emboité le pas au Pape Benoît XVI pour prendre la défense des Roms et crier leur indignation à l’action du gouvernement. Un positionnement qui a dû surprendre plus d’un au sein de l’exécutif de Nicolas Sarkozy.

Interrogé à ce sujet ce matin sur Europe 1, le ministre de l’Intérieur Brice Hortefeux a indiqué qu’il était « tout à fait disposé à recevoir, s’il le souhaite, le président de la conférence épiscopale, le cardinal Vingt-Trois, accompagné de ceux qu’il souhaitera » pour en parler. Vu l’ampleur et la tournure des événements avec les expulsions de Roms la semaine dernière, les hommes d’Etat français se retrouvent face à de nombreuses critiques.

Brice Hortefeux et le cardinal André Vingt-Trois devraient se rencontrer « dans les prochaines semaines » selon plusieurs sources pour en débattre.


« »

© 2024 Planete Campus. Tous droits réservés