Jérôme Kerviel contre-attaque et « raconte tout » dans un livre

A quelques semaines de l’ouverture de son procès, Jérôme Kerviel publie un livre dans lequel il s’explique. Soupçonné d’avoir frauduleusement fait perdre 4,9 milliards d’euros à la Société Générale en 2009, le trader le plus célèbre de France multiplie les apparitions médiatiques afin d’expliquer qu’il n’entend pas payer pour les autres et compte faire de son procès celui d’un « système financier devenu fou ».

L’ancien trader de la Société Générale a opté pour l’offensive médiatique comme stratégie de défense. Hier il était l’invité de Laurent Delahousse au JT de 20H de France 2 afin de faire la promotion de son livre intitulé « L’Engrenage-Mémoires d’un trader », publié chez Flammarion, qui sortira en librairie ce mercredi 5 mai. Un livre dans lequel il « raconte tout », selon l’éditeur. Kerviel ne change pas d’orientation et maintient sa défense en assurant que son employeur, la Société Générale, était au courant de ses opérations. « Tout était contrôlé », affirme-t-il.

Jérôme Kerviel dénonce « un système financier devenu fou » soit un « milieu complètement déconnecté de la réalité, et par certains aspects irresponsable. Pour nos supérieurs on était des gagneuses ». Il ira même jusqu’à dire qu’il se considérait comme une prostitué. « Certaines réflexions me faisaient penser à ça. Par exemple : T’as été une bonne gagneuse aujourd’hui? Relevé de compteurs: combien t’as fait? » avant de relater toute la pression à laquelle les traders doivent faire face « il fallait tous les jours ramenait plus d’argent à la banque ».

L’ancien trader, désormais salarié d’une petite société informatique, reconnaît avoir touché jusqu’à 100 000 euros brut, bonus compris, pour ses opérations et cherche à expliquer dans son livre « comment ça se passe dans les salles de marché ». Kerviel se dit « serein » et « confiant » avant son procès en expliquant sur France 2 qu’il vivait à 100% pour son métier mais réaffirme son intention de démontrer la responsabilité de ses supérieurs hiérarchiques en indiquant ceci : « Je prends ma part de responsabilité, mais j’attends que mes supérieurs fassent de même ».

Dans un entretien accordé au Journal du Dimanche, Jérôme Kerviel a également appelé ses collègues « qui n’ont pas dit ce qu’ils savaient » à témoigner. Selon lui, « beaucoup de pistes n’ont pas été explorées au cours de l’instruction, beaucoup de questions sont restées en suspens ». Il lance un appel « aux bonnes volontés, parce que je croise énormément de gens, des milieux financiers ou universitaires, qui m’assurent de leur soutien mais refusent de témoigner, par ce qu’ils ont peur de représailles ou de perdre leur emploi », dit-il.

Révélée en pleine crise des subprimes en 2009, cette énorme perte de près de 5 milliards d’euros à la Société Générale avait bouleversé le cours des marchés financiers entraînant dans son sillage la démission de Daniel Bouton de la présidence de la banque rouge et noire. Le procès de Jérôme Kerviel débutera le 8 juin au tribunal correctionnel de Paris. L’ancien trader a été renvoyé en novembre devant le tribunal pour abus de confiance, faux et usage de faux et introduction frauduleuse de données dans un système de traitement automatisé. Il est passible de cinq ans de prison et 375 000 euros d’amende.


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