Baccalauréat 2017 : Des bacheliers lyonnais refusent la bourse au mérite de Laurent Wauquiez en signe de protestation

Des bacheliers lyonnais refusent leur bourse au mérite rétablie par Laurent Wauquiez, afin d’exprimer leur mécontentement quant à la suppression de subventions à quelques associations locales.

500 euros, c’est le montant auquel s’élève la bourse au mérite que les lycéens lyonnais ayant obtenu la mention « Très bien » au baccalauréat percevront. Oui, mais voilà ! Des bacheliers lyonnais ont décidé de reverser leur bourse à des associations de leur région, privées de subventions. En effet, certaines localités allouent des bourses au mérite aux bacheliers ayant obtenu la mention « Très bien ». Supprimée en 2014, elle avait été rétablie par Laurent Wauquiez, en 2016, dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, où il préside depuis 2015. Le seul critère afin d’être éligible à cette bourse étant d’obtenir la mention « Très bien » au baccalauréat, sans conditions quant aux critères sociaux. Mardi 4 juillet, soit la veille de la publication des résultats du baccalauréat, un collectif de lycéens lyonnais, formé dans l’établissement Saint-Exupéry, a écrit une lettre ouverte à l’attention de Laurent Wauquiez, via le site Médiacités. Dans celle-ci, ils y annoncent leur intention de refuser cette bourse au mérite afin de protester contre les multiples suppressions de subventions d’associations de la région.

Voici la lettre publiée sur Médiacités :

LETTRE OUVERTE A MONSIEUR LAURENT WAUQUIEZ

« Le 4 juillet 2017

Monsieur,

Nous, futur.e.s bachelier.e.s, et pensant obtenir la mention « Très Bien », voulons vous témoigner notre opposition à la « bourse au mérite » d’un montant de 500 euros attribuée par la Région Auvergne-Rhône-Alpes aux bacheliers ayant obtenu la mention « Très Bien », sans conditions de revenu.

En tant que lycéen.ne.s concerné.e.s par cette « bourse au mérite », nous avons décidé d’agir pour une Région plus juste. Nous refusons d’utiliser cette prime pour un usage personnel, d’autant que cette distribution de fonds publics se fait en parallèle d’un désengagement massif de la Région du secteur associatif, qui se traduit par un recul des services publics d’intérêt général. Nous considérons que cet argent ne nous revient pas, puisque nous en éprouvons moins le besoin que d’autres. Nous avons ainsi décidé de reverser les 500 euros que vous nous accorderez à une association d’intérêt général.

Depuis un an en effet, la région Auvergne-Rhône-Alpes a mis en place cette nouvelle prime que nous estimons injuste. Parmi les titulaires d’une mention « Très Bien », beaucoup sont issus d’un milieu social favorisé. Les études sociologiques ont depuis longtemps montré que la réussite scolaire des élèves venant de milieux favorisés est facilitée par leur culture et environnement familiaux. Ils sont moins susceptibles d’avoir besoin de cette prime que des élèves de milieux populaires qui peuvent connaître plus de difficultés au niveau scolaire comme financier et pourraient en avoir besoin pour la poursuite de leurs études.

De plus, le travail, le sérieux et l’investissement d’un élève ne se mesurent pas seulement à son résultat. Doit-on récompenser un mérite reposant exclusivement sur l’obtention d’une mention « Très Bien », et qui ne rend pas nécessairement compte du travail fourni par l’élève ? Nous pensons que le mérite se trouve dans le chemin parcouru et non dans le but atteint, c’est pourquoi nous trouvons peu de sens à l’attribution de cette prime à des élèves sans doute favorisés dès le départ.

Cette mesure inappropriée et partiale coûte environ 3 millions d’euros à la Région Auvergne-Rhône-Alpes, tandis que le budget alloué à la vie associative connaît de sévères diminutions. De nombreuses associations à but non lucratif ont vu leurs subventions fortement baisser depuis votre élection. Certaines ont étés obligées de mettre la clé sous la porte, de licencier certains de leurs salariés (l’opposition au sein de la région estime à 580 le nombre de licenciements dans le milieu associatif durant ces deux dernières années) ou d’abandonner des activités et services rendus à la population.

Parmi les associations impactées on peut citer : le CADR (Collectif des Associations de Développement en Rhône-Alpes), l’UNAT (Union Nationale des Associations de Tourisme en Rhône-Alpes), le Transfo (Agence régionale de développement culturel en Auvergne), le GRAINE Rhône-Alpes (Réseau régional pour l’éducation à l’environnement), les réseau INPACT et globalement les structures de promotion de l’agriculture bio et de l’agriculture paysanne, la FRAPNA (Fédération de protection de la nature), la LPO (Ligue de protection des oiseaux), le Ciné Duchère, le Croiseur, les radios associatives non commerciales, la NACRE (Agence du spectacle vivant en Rhône-Alpes), l’ARALD (Agence Régionale pour le livre et la documentation), la MRIE (Maison régionale d’information sur l’exclusion), les CIDFF (Centres d’information sur le droit des femmes et des familles), Le Planning familial, La Cimade, Moutain Wilderness, Artisans du Monde, Les festivals de cinéma LGBT Ecrans mixtes, Face à face, SOS Racisme, les MJC … Cette liste incomplète donne le vertige !

Depuis plusieurs mois, ces acteurs associatifs sont confrontés à des méthodes de la part du conseil régional Auvergne-Rhône-Alpes qui les fragilisent fortement. Ces associations se sont regroupées au sein du Collectif Vent d’Assos et se battent actuellement pour leur survie alors qu’elles assurent des missions d’intérêt général.

Nous avons donc décidé de faire don de la somme qui nous reviendra de cette « bourse » au réseau Rhône-Ain-Saône, qui rassemble les MJC de l’Ain, du Rhône et de la métropole de Lyon. Ces structures pour et par les habitants agissent localement pour un meilleur accès à l’éducation et à la culture, pour l’expression de la citoyenneté, dans une optique de renforcement du lien social et de la solidarité par la rencontre et l’insertion sociale.

Nous appelons l’ensemble des nouveaux bacheliers d’Auvergne-Rhône-Alpes qui recevront la mention « Très Bien » à se joindre à notre appel en reversant eux aussi cette « bourse » illégitime à une des nombreuses associations actuellement mises en danger par la politique régionale que vous menez depuis deux ans. Nous nous adressons aussi à tous les lycéens n’ayant pas obtenu la mention « Très Bien » mais éprouvant un désir de justice, voulant ainsi symboliquement se joindre à nous, en ajoutant leur nom à la liste des soutiens à cette action. Pour nous contacter vous pouvez envoyer un mail à l’adresse : jeunesaura@gmail.com .

Avec l’expression de nos sentiments distingués »

 


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